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Théâtre romain à Emerida - Paysage Estrémadure dans le Badajoz - Plaza Mayor à Zafra |
Bien sûr! C'est une évidence... Je suis là pour flâner et prendre mon temps. Cet article relate ma traversée sud-nord de la province, mais en allant alternativement me perdre vers l'ouest puis un peu vers l'est, durant les quatre jours suivants de ce voyage en Estrémadure. C'est le propos de ce billet.
Itinéraires depuis le début du voyage :
Avant de mettre en route, je dois revenir quelques instants sur la célèbre « Via de la Plata » évoquée plus haut. Avant de préparer les détails de ce voyage, j'avais lu plusieurs documents sur une route mythique, à faire à moto, entre Séville et Gijon. C'est d'ailleurs cela qui m'a donné envie de découvrir plus avant l'Estrémadure. Il s'agit donc de cette fameuse « Ruta de la Plata ».
Cette Ruta de la Plata est un des chemins les plus anciens de la péninsule Ibérique. En effet, à l'origine, on parle de la Via de la Plata (aussi appelée route de l'argent) qui est une chaussée romaine traversant l'ouest de l'Hispanie, de Augusta Emerita (Mérida de nos jours et là où je suis ce 22 mai 2024) jusqu'à Asturica Augusta (Astorga de nos jours).
A l’heure actuelle, c'est l’une des principales voies de communication de l’ouest de l’Espagne suivant l’axe nord-sud, et vice versa. Elle allie culture, nature et gastronomie grâce à des routes, des itinéraires et des circuits qui permettent d’accéder à tout type d’offres et d’activités. J'en ai déjà parcouru une bonne partie en Andalousie, en Castille y Leon et dans les Asturies lors de mes voyages précédents en Espagne. Pour cette fois, je m'attache à la partie qui m'est inconnue et je profite d'être arrivé à Llerena pour faire la Ruta de la Plata dans le sens Sud-Nord tout en étant au cœur de l'Estrémadure.
Ce mercredi 22 mai, je pars donc de Llerena. Il est 9h00. Hier soir, installé confortablement au bar de l'hôtel, je me suis remis en mémoire les informations disponibles dans le guide que j’ai avec moi. Oui! C’est bien beau tous ces sites Internet, mais à l’âge que j’ai, bien que je sois un voyageur moderne… Les valeurs traditionnelles restent les plus sûres. Rien ne vaut un bon « Lonely Planet » à feuilleter au gré des envies. Pour ce qui me concerne, je reste aussi adepte du « Petit Futé », voire du vieux « Routard » en faisant abstraction de sa propension à vouloir donner quelques leçons… La modernité étant tout de même à prendre en compte, comme écrit plus haut, j’ai ces différentes lectures non pas au format papier, mais bien dans mon iPad. C'est très nettement moins lourd et moins volumineux...
Donc, hier soir, j’ai feuilleté les pages concernant le district du Badajoz. J’ai tous les noms des lieux en tête, de manière à m’y arrêter, éventuellement, au gré de mes envies. La trace que j’utilise me conduit encore un peu plus au sud. Je me suis trompé hier en écrivant que Llerena serait le village le plus bas. L'erreur est corrigée. Je rejoins donc Pallares afin de remonter vers Montemolin. J'entre dans ce joli village blanc fait de rues pavées. Sur la colline, le « castro » surveille les alentours. Chaque village de taille importante semble posséder le sien.
Ce matin, je n'ai pas mis la doudoune sous la veste de moto... En effet, mon esprit a décidé que le temps mauvais et frais, c'est terminé. Vu que je suis sur la route, à présent, mes certitudes matinales sur le principe de réalité me rattrapent au prochain virage... C'est qu'il fait frais, tout de même. J'aperçois au loin la bourgade de Segura-de-Leon. La blancheur des murs contraste avec le relief et la végétation du territoire. Là aussi, j'y entre par les rues pavées. C'est plus sportif, vu les grimpettes et autres descentes selon des angles vraiment pas humains. Tout de suite, j'oublie le froid, concentré sur la manipulation de la moto, pour ne pas me vautrer.
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Sur la N435 en direction de Jerez-de-Los-Cabalerros |
Chemin faisant, j'arrive dans la ville de Jerez-de-los-Caballeros. L'application Osmand, que j'ai en guise de GPS, est très vite dans les choux en matière d'indications et de recalcule d'itinéraire, en raison des rues étroites, à sens unique, et ne facilitant pas la réception du signal... Je me fie à mon instinct et au sens du vent pour trouver la Plaza Espana. Je m'y gare et visite, un peu. J’y prends aussi un café. La gentillesse des gens est, comme hier à Llerena, remarquable. Ils me guident, m'indiquent où passer et où me garer.
Située sur les contreforts de la Sierra Morena, cette ville conserve les traces artistiques de son passé. Elle se trouve à 18 km à l’est de la frontière portugaise, sur deux collines surplombant la rivière Ardila, un affluent du Guadiana. La vieille ville est entourée d’une muraille mauresque dotée de six portes. Quand Alphonse IX de Léon la reconquit en 1230, il la cède à l’ordre du Temple, en charge de sa défense. Aussi, elle voit naître en 1475, Vasco Nuñez de Balboa qui découvrira le Pacifique en 1523. La ville arbore un style andalou, indéniable comme les autres villages traversés, avec ses maisons blanches. Ses églises, pourvues de tours baroques (en particulier celle de San Bartolomé, la plus haute), lui donnent un certain cachet.
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Jerez-de-los-Caballeros |
En repartant, j'ai l'audace de passer mon casque en configuration été, sans mentonnière, et de mettre mes gants d'été. Le thermomètre de la moto affiche 19 degrés et le soleil est radieux. Cette fois, je pars à l'Est afin de rejoindre la ville de Zafra. Elle est tout bonnement magnifique. A l'inverse de Jerez-de-los-Caballeros, il est beaucoup plus facile d'y circuler et elle est aussi moins physique, puisque installée en plaine, au pied des rochers escarpés de la sierra de Castelar. « D'aucun », aime l’appeller « La petite Séville ». Je déteste ces qualifications de « petite » pour dire qu'elle ressemble en moins bien... Puisque moins grande... Permettez-moi de le dire, mais ce « D'aucun » est un con! C'est dit! Le cœur historique a beaucoup de charme, en particulier la Plaza Grande où je me gare, là aussi avec l'aide des passants et de la police municipale qui me viennent en aide sans aucune sollicitations de ma part. Cette ville est un point de passage obligé de la Via de la Plata.
Je garde « Zafra » en mémoire pour un arrêt de deux nuits dans un prochain voyage dans cette direction... Que ce soit le Portugal (voir ce projet de voyage au Portugal) ou le Maroc (voir ce projet de voyage au Maroc).
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Zafra |
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En direction d'Olivenza |
De Zafra, je repars vers l'Ouest en direction d'Olivenza. J'adore rouler en ayant des vols de cigognes au-dessus de moi. C'est le cas en ce moment et, comme à chaque fois que je suis en Espagne, cela me remplit de bonheur de pouvoir le voir. Depuis un moment le paysage change, il devient moins aride. Il devient aussi plus agricole et lié à l'élevage. Je suis très surpris de voir de grandes étendues ceintes par des murs de pierres sèches et dont l'entrée est marquée d’un grand portail et d’une route d'accès à la ferme. Chaque parc est ombragé par des oliviers et des chênes, en nombre. Dans les pâturages, j'aperçois soit des bovins, soit des chevaux, soit des cochons. Tous ces animaux m'ont l'air très bien traités et dans une grande liberté de mouvement. Ces zones de pâtures s'appellent des « Dehesa ». Ces « Dehesa de extremadura » contribuent à la renommée prestigieuse du porc ibérique. Ce qui est très différent d'autres exploitations croisées précédemment.
13h30 vient de passer. C'est le moment que je choisis, chaque jour, pour me mettre en quête d'un endroit où déjeuner sur l'herbe. Là, je dois attendre d'être un peu éloigné de ces enclos, sinon je vais être gêné par les insectes que le bétail attire. A 14h00, je m'arrête sur un banc ombragé par de grands eucalyptus, dans le village de Santo-Domingo-de-Guzman.
Olivenza est aussi une très jolie ville.
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Olivenza |
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Eglise Santa-Maria-Magdalena de Olivenza |
Je continue et repars à l'est cette fois, pour le dernier tronçon du jour. Etant un peu fatigué, je prends les grands axes pour me conduire à Badajoz. Cette fois, je parle bien de la ville de Badajoz, qui donne aussi son nom au district de la Basse Estrémadure.
Badajoz est une grande ville. C'est d'ailleurs la capitale de la province d'Estrémadure. Cela me fait bizarre de savoir que je suis, à peine, à quelques encablures du Portugal... A ce propos, les conflits avec son voisin portugais et la guerre civile ont mis à mal la splendeur de la ville. Une anecdote intéressante m'a, d'ailleurs, permis d'entendre parler de Badajoz précédemment. En effet, un journaliste français est à l'origine du plus grand témoignage des massacres de la guerre civile espagnole. Ce journaliste, c'est René Brut caméraman et photographe de profession. Et c'est lui qui a pris les films et photos du massacre de Badajoz en 1936, à la barbe de ses accompagnateurs fascistes. Lui et Jean d'Esme étaient là pour une interview orchestrée de cet abruti de Franco. René Brut réussit à faire sortir les films d'Espagne, mais des photos sont publiées et les films sont utilisés dans les actualités au cinéma, par Pathé, avant son retour en France... L'armée franquiste le soupçonne tout de suite. Condamné à mort par Franco et ses amis nationalistes, il ne doit son salut qu'à l'intervention du pape Pie XI (voir sources et crédits en bas de page). Arte en a justement fait un reportage dans son émission « Invitation aux voyages », il y a quelques semaines.
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Porte de Badajoz |
Vers 16h00, j'arrive à Mérida, la romaine. En effet, chaque année, Mérida fait revivre son passé romain aux habitants de la ville durant le festival « Emerita Luvica ». Et c'est en ce moment!! Il y a des défilés, des marchés romains, des combats de légionnaires, etc... dans les lieux emblématiques de la ville, ainsi que des gens, des tas de gens, habillés comme à l'époque romaine. La ville remonte le temps, jusqu'au 1er siècle avant J.C.
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Mérida |
Mon hôtel est une « Posada »... Qu'est-ce donc ? Une pension ? Un truc pas net ? Autre chose ? Le traducteur m'indique que cela signifie « Auberge ». Impossible! Pour moi une auberge, c'est un lieu où il y a du monde qui t'accueille, qui est plutôt chaleureux, et qui te fait à manger. Là, c'est une piaule avec les infos reçues dans ta boîte mail, sa porte avec son code d'accès, sa « p'tain » de boîte à clef et personne, nada...
J'aime pas!!
Le truc en plus de la journée et que j'apprécie pleinement, c’est qu’à 19h00, la température extérieure est de 24 degrés. Je peux dîner en terrasse et juste en chemise. Enfin!
Vendredi 24 mai, départ à 9h00, comme d'habitude. Aujourd'hui, je découvre la province du Caceres. Je pars, plein Nord, pour le moment et m'arrête à l'embalse de Proserpine. Ce lac, construit initialement par les Romains avec sa digue en terre et en pierre, alimentait l'aqueduc Los Milagros de Mérida, vu hier. C'est mon deuxième contact avec cette Proserpine, le premier ayant été une rencontre organisée par ma fille, Natacha, dans le bosquet de la colonnade (voir cet article La boucle intérieure - Expiration) à l'image de son « enlèvement »...
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Jeudi 23 mai: je me réveille, la météo est superbe. Enfin, je retrouve le temps que j'ai habituellement, en Espagne à cette période. C'est jour sans moto aujourd'hui. Je visite les monuments et la ville. Pour m'aider dans cette activité, je fais appel à un ami technologique. Il s'agit de l'application Navaway (voir les Sources et Crédits de cet article en bas de page).
Je commence par le célèbre théâtre romain, situé juste à côté de ma piaule.
J'ai tracé la carte de cette balade (le trait rouge bien sûr, et les flèches vertes pour le sens de la marche):
Mérida, cité méconnue de l’Estrémadure, renferme tant de nombreux trésors qu’on a retrouvés des squelettes de pillards parmi ses ruines. À son apogée, au premier siècle de notre ère, l’Empire romain s’étendait sur trois continents, du Royaume-Uni à l’Égypte et de la Syrie au Portugal. Parmi les plus de 600 sites recensés par les archéologues, peu ont à offrir un panorama si complet de ce qu’a pu être la vie sous l’Empire romain que les vestiges d’Augusta Emerita, dans la ville actuelle de Mérida, en Espagne.
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Site de l'Amphithéâtre et du Théâtre Romain |
Mérida, dont on parle rarement quand on mentionne Rome ou Pompéi, rattrape son manque de notoriété par l’ampleur de ses structures romaines. Sur 30 hectares, la ville moderne abrite tous les éléments caractéristiques d’une métropole antique : ouvrages hydrauliques, ponts, forum, théâtre, amphithéâtre, cirque, maisons et nécropoles.
Je m'aperçois que les cigognes ont élu domicile sur les ruines de l'empire Romain, du moment qu'elles sont en hauteur.
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Dans le sens horaire : Ruine du cirque - ruines des bains romains et aqueduc restauré de San Lanzaro |
Au Musée national d’art romain de Mérida, en Espagne, les mosaïques murales et au sol représentent des scènes de chasse et ont été prélevées dans des maisons voisines. De nos jours, Mérida est un TP d’archéologie classique. Grâce à la restauration impressionnante de la plus grande maison de la ville antique réalisée en 2020, et grâce à une attention particulière portée à l’équilibre entre tourisme et sauvegarde du patrimoine, les visiteurs ont de bonnes raisons d’aller découvrir une des plus anciennes cités d’Espagne.
Au fil de ma visite, je découvre aussi des adresses intéressantes, comme ce club de jazz où je passerai la soirée, le « Jazz bar Mérida ». Il est bien marqué sur mon plan.
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Dans le sens horaire : La place d'Espagne - une rue de Mérida - l'Aqueduc de Los Milagros |
Augusta Emerita a été fondée en 25 av. J.-C. par l’empereur Auguste en tant que colonie pour les soldats (emeriti) qu’on renvoyait à la vie civile pendant les guerres cantabres. La cité était idéalement placée près du fleuve Guadiana, dans une vallée entre forêts pentues et champs de chênes verts (dont l’écorce a d’ailleurs longtemps servi à produire du liège). Auguste a fait de Mérida la capitale de la Lusitanie, région chevauchant l’actuelle frontière entre le Portugal et l’Espagne. Elle est aussi devenue le foyer du culte impérial qui vénérait les empereurs comme des dieux. Parmi les traces laissées par ce culte, on a notamment retrouvé un buste voilé à l’effigie d’Auguste, représenté en Pontifex Maximus, qui est exposé au musée de Mérida, mais aussi le temple de Diane, dans le centre de la cité.
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Dans le sens horaire : Portique du Forum Municipal - L'Arc de Trajan - Le temple de Diane |
Je passe aussi par le pont romain, marquant le passage de la célèbre Via de la Plata évoquée au début de cet article. L'achèvement de la construction de ce pont a permis le développement de toute la Lusitanie durant la période de l'Antiquité. Il est construit en pierre de taille de granit bosselé et compte soixante arches en plein cintre. Le plan et la majeure partie de la construction primitive datent du temps d'Auguste (pas mon grand-père, mais l'empereur Romain...). L'ouvrage a par la suite subi de nombreuses restaurations à différentes époques. Avec ses 792 mètres de long, il est l'un des plus grands ponts romains d'Espagne. Les piles sont de forme arrondie et il dispose entre les arches de déversoirs construits pour éviter les crues de la rivière.
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Le Pont Romain avec la fin de la Via de Plata en arrivant à Emerita Augusta |
C'est très bien ce truc « Navaway ». Je le recommande vivement à tous les voyageurs qui, comme moi, veulent des informations synthétiques et faciles d'accès. L'application bouffe la batterie du smartphone, par contre... Fort heureusement, j'ai tout mon attirail avec moi.
Le temps annoncé était de trois heures. Ce qui est le temps que j’y ai consacré en y intégrant une pause-café. Au final, la distance parcourue à pied est de 9 kilomètres.
Maintenant, déjeuner, sieste, lessive, dîner et dernière sortie à Mérida.
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Embalse de Proserpine |
Mais je m'égare. Je file plein Ouest à présent. Le territoire change doucement. L'influence andalouse sur les villages s'estompe. Ils ne sont plus tout aussi blancs. La végétation change également. Il y a plus de forêts et les chênes s'ajoutent aux oliviers. Les pâtures sont plus classiques avec poteaux et fils barbelés. Je n'y vois que des vaches. Au détour d'un virage, j'aperçois le castillo et le village d'Alburquerque. Il est comme accroché aux contreforts de la sierra de San Pedro. Dans un autre temps, Alburquerque était à l'origine d'une industrie de production de liège, d'où les chênes-lièges présents en nombre, précédemment.
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Plaza Mayor d'Alburquerque et le château qui domine la sierra |
Je fais le plein du réservoir de la moto et décide de m'arrêter prendre un café. Je découvre, avec stupeur, la resplendissante plaza Mayor de ce petit village. J'échange avec quelques motards qui me remercie pour la visite de leur village qu'ils considèrent magnifique. Ils n'ont pas tort!
Je m'approche du Portugal et vais jusqu'à Valencia-de-Alcantara. Certes, le village est joli, comme cela est décrit dans ce que j'ai pu lire, mais pas au point de faire ce détour pour y arriver. D'autant plus que la route pour rejoindre Caceres, plein-est maintenant, est morne, monotone et assez « chiante ». Il faut bien l'écrire, comme tel! C'est la N521 et, là aussi, les paysages ont rapidement changé. Le relief s'estompe et laisse place à de grandes pâtures, sans grand intérêt pour les yeux. J'entre dans Caceres, avec l'espoir de voir un peu à quoi la ville ressemble. Mais, c'est sans compter sur la circulation dense et impossible. Par ailleurs, l'approche du centre historique est fermée aux véhicules. Mince! Là aussi, c'est une perte de temps et sans grand intérêt. Je me suis bien planté sur ce tracé. J'arrive, tout de même, à sortir de la ville...
Le hasard me fait passer par une route me donnant la vue sur la forteresse et les remparts. La ville semble effectivement assez jolie. Je reste dubitatif... Pourquoi venir se perdre ici ? Avec cette route, sans intérêt. J'ai fait une erreur en me fiant à des indications un peu trop pompeuses. Dont-acte!
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Caceres |
En sortant de Caceres, j'évite de prendre l'autovia qui est juste à côté de la route nationale. Elles se confondent sur la carte, puisqu'elles se suivent sur presque 100 kilomètres. Le paysage est toujours aussi morne et sans intérêt... Je trouve tout de même un olivier, un peu à l'écart de la route, me permettant de déjeuner à l'ombre, car la température est chaude. J'ai, d'ailleurs, ouvert toutes les aérations de ma tenue pour avoir un peu d'air frais, en roulant.
Tout cela m'amène dans la ville de Trujillo, où, d'un coup, tout reprend de l'intérêt. En effet, je m'écarte de la nationale et de l'autovia, pour emprunter des routes secondaires. J'aperçois au loin la magnifique structure de la ville.
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Trujillo |
Trujillo, situé sur les plaines cultivées entre le Tage et le Guadiana abrite de nombreuses églises, des châteaux et d'anciennes demeures seigneuriales disposées tout autour de la plaza Mayor. J'y arrive d'ailleurs, après quelques déboires pour prendre la bonne rue ouverte à la circulation. Quelle claque! C'est magnifique. En fait, d'illustres hidalgos aventuriers, bâtisseurs des Amériques, sont nés ici. A leur retour, ils font construire châteaux, églises, villas et palais. Trujillo fait partie de ces villes et villages de la Ruta de los Conquistadorres, comme le sont Medellin et Villanueva-de-la-Serena, d'autres lieux d'Estrémadure.
Trujillo marque aussi l'entrée dans le parc national de Monfragüe. A refaire, j'aurais tracé un itinéraire partant de Mérida et allant directement à Trujillo, tout en explorant le parc en détail. En tout cas, maintenant, j'y suis arrivé et je compte bien en profiter.
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Route dans le parc de Monfragüe |
Doucement, je retrouve de l'altitude. De 200 mètres dans la plaine du Tage, je passe à 650 puis 900 mètres. Les paysages faits de forêts de chênes, de chênes-lièges, d'oliviers, de pins et d'arbousiers sont traversés par des rivières allant du mince filet au torrent. Et puis surtout, il y a les odeurs. L'odeur du laurier-thym, avec celle des genêts à balais qui se mélangent à celle des pins et qui embaume l'air, conjuguant le ravissement des yeux à celui du nez. Les regrets étant toujours de courte durée, dans ma philosophie de vie, je profite au maximum de ce dernier trajet m'amenant au village de Guadalupe, mon étape pour les deux jours à venir.
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Guadalupe |
Dans les replis de ces montagnes, là où le temps s’étire en étreintes de pierre, se niche le magnifique village de Guadalupe. Son nom, doux murmure d’arabesques anciennes, évoque la rivière cachée, mais aussi les Amériques, car Christophe Colomb donna le nom de ce petit village à une de ses découvertes... Que nous, français, connaissons assez bien puisque c'est un de nos départements.
Au cœur de cette cité, le sanctuaire se dresse, telle une sentinelle de foi. Le monastère royal de Santa María de Guadalupe, édifié dans la chaleur des siècles, veille sur les âmes en quête de réconfort. Ses murs, patinés par l’histoire, portent les prières des pèlerins, gravées en lettres d’or. Et là, dans la pénombre des voûtes, elle attend. La Vierge de Guadalupe, Notre-Dame des chemins, des étoiles et des cœurs brisés. Son regard, doux comme l’aube, caresse les fidèles, les enveloppe de sa tendresse. Elle est la gardienne des secrets, la compagne des solitudes. Autour d’elle, les montagnes se dressent, majestueuses. Leurs sommets touchent le ciel, tandis que les vallées s’étirent, offrant des abris aux âmes fatiguées. Les oliviers, tels des gardiens silencieux, veillent sur les chemins de terre et les sentiers de l’âme.
Je passe donc deux nuits ici en étant hébergé dans un hôtel qui sera nettement mieux que le précédent. Il jouxte le sanctuaire et fait partie des paradores.
- Oh! Oh! Outre le fait d'être dans des murs somptueux, je vais me faire bichonner, dit-il en se frottant les mains...
A la nuit tombée, je file dans les rues sombres afin de voir a quoi la plaza Mayor ressemble.
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Plaza Mayor de Guadalupe |
Samedi 25 mai, c'est jour de randonnée dans la montagne environnante. J'ai trouvé une trace qui devrait durer quatre heures environ, sans trop de dénivelé. Je pars à l'assaut de la randonnée « El arca-del-agua ». Enfin, je pars... D'abord, je dois retrouver comment monter ces p'@!*n de bâtons de marche pliants acquis il y a plusieurs mois, car juste de la taille de mes valises en alu. Pourtant, cela paraîssait si simple dans le magasin. Mais là ! Je n'ai aucun souvenir de la démonstration du vendeur...
Merci Internet, youtube et les tutos! Mais quel abruti, je suis...
La carte de la randonnée est celle-ci :
La journée va être magnifique. Déjà là, à 10h00, le thermomètre de la pharmacie de la place affiche 24 degrés. Le ciel est sans nuages, d'un bleu azur. J'ai trois bouteilles d'eau dans mon sac, un petit déjeuner délicieux dans le ventre. Je suis prêt. J'ai trouvé cette randonnée sur wikiloc sans traduction du texte, par contre. La partie entourée en vert, sur la carte de l'itinéraire ci-dessus, m'inquiète un peu, car je ne vois pas de chemin très clair. J'aurais peut-être eu besoin d'une traduction pour cette partie...
Je descends dans les rues de Guadalupe. La rue devient une route, avant de devenir chemin de terre longeant une rivière dont le bruit de l'eau m'accompagne durant toute la première partie de la balade.
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Dans le sens horaire : Guadalupe - Chêne-liège - et Rio Guadalupejo |
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Embalse de la Ruta de Los Molinos |
Je croise quelques randonneurs, dont un groupe un peu bruyant. Ici, en plus du « Bonjour » habituel, ils disent également « Bon Camino ». Après 1h30 de marche, je suis au pied de l'endroit posant difficulté. C'est aussi l'endroit qui grimpe le plus. Sur ma gauche, une cinquantaine de ruches bourdonnantes sont en présence. Je vais voir avec prudence. Il n'y a pas de chemins par là. Sur ma droite, rien de praticable. Face à moi, il y a peut-être quelque chose. Une sorte de bout de chemin arrivant dans un pierrier tout blanc, et ensuite une forêt qui a l'air assez dense, de là où je suis. Je n'ai pas trop le choix. Je contrôle ma position sur la carte. Cela semble bien être la bonne direction. Je me lance dans le pierrier. Pas facile à traverser, mais les bâtons font leurs effets. De l'autre côté, il y a comme une sorte de sentier oublié. Mon GPS me dit que c'est bien par là. Comme ça monte raide, je fais une pose et profite de la vue sur l'embalse croisée une heure plus tôt.
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Embalse de la Ruta de Los Molinos vue de haut |
Je continue l'espèce de sente à peine visible qui monte plus légèrement maintenant, mais à flanc de la montagne. Je me fie toujours au GPS. Je regarde aussi où je mets les pieds, car la végétation est dense, la pente est plutôt raide et je ne veux pas glisser. Là encore, les bâtons me sont fort utiles. Je finis par sortir de ce merdier et retrouve le chemin. Je n'ai plus qu'à descendre, à présent.
Le chemin de terre se transforme en route bétonnée à mi-pente environ. La vue sur Guadalupe est dégagée et superbe.
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Guadalupe |
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Champs d'oliviers |
Je suis de retour sur la plaza Mayor à 14h00. Pile 4h00 après mon départ. La distance parcourue est de 13,8 kilomètres. . Je rentre dans l'église afin de prendre le frais et voir l'intérieur. C'est fastueux. Je déjeune sur la place, à la Casa Pachi, d'une belle salade au poulet grillé.
Une sieste me fait le plus grand bien. Je passe le reste de l'après -midi à terminer cet article et à peaufiner mon trajet de demain. En effet, je vais éviter de reproduire l'erreur faite avec le tracé Llerena-Guadalupe.
Sources et crédits de cet article :
Itinéraires culturels d'Espagne (site en français): Ruta Via de la Plata.
Toutes les infos pour parcourir la Ruta de la Plata à moto, à pied, en vélo... autrement, sur ce site: Ruta de la Plata en français parfois.
Quelques informations sur les « Dehesa de extremadura » et le jambon ibérique d'Estrémadure.
Le massacre de Badajoz - retour de Rene Brut - Archives documentaire GP archives.
Site du National Geografic sur Mérida, la mystérieuse cité romaine.
Site academia.edu : Thèse de littérature comparée sur Astérix en Hispanie d'Isabelle Moreels.
Les visites guidées gratuites de Navaway : Découvrez la France et l'Europe...
Spain info sur la ville de Caceres

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