Cette troisième partie de ce voyage en Estrémadure marque ma sortie de cette province. Lors de ce voyage en Ribeira Sacra prévu en 2020 et reporté à 2021 pour ce que chacun sait, j'ai fait étape à Zamora (Ribeira Sacra - Liaison Atlantique Méditerranée). J'ai adoré cette ville, juste au-dessus de Salamanque et je m'étais fait la promesse de revenir par là, pour visiter Salamanque. 

En haut: le Tage et l'embalse de Valdecanas - En bas : L'Estrémadure et la Castille y Leon vues depuis le Puerto de Pena Negra

Voici la raison de ma sortie de l'Estrémadure par le haut de la province, en faisant le tour du pic d’Almonzor et en passant par Salamanque. Cet article relate les quatre jours suivants de mon voyage en Estrémadure.  

Itinéraire Suivi: 


Itinéraires depuis le début du voyage : 


Dimanche 26 mai... En écrivant cette date, ce soir, je comprends et j'explique la présence de tant de gens partout sur les routes, les chemins de randonnées et les villes et villages traversés aujourd'hui. Il y avait aussi présence de motards en nombre sur les routes, alors que précédemment si j'en croisais deux, c'était bien le maximum. Et oui, nous sommes dimanche... J'ai totalement perdu la notion des dates... Mais! Si nous sommes dimanche 26 mai, c'est que c'est le jour de la fête des Mères, non ? 

Oh!! Oh!! J'ai un truc à faire tout de suite... 

Me revoilà. Initialement, le tracé de cette étape passait par Plasencia et la N110, pour rejoindre Piedrahita et ensuite bifurquer vers Salamanque. Plasencia est certainement une jolie ville à voir. Ce point a d'ailleurs été confirmé par une connaissance virtuelle, un dénommé Gilles, du forum (pas romain celui-là) des propriétaires de GS et autres concernés. Mais les déconvenues, décrites dans l'épisode précédent de ce voyage, m'ont conduit à imaginer un autre tracé. Cet itinéraire me fait passer plus de temps dans le parc de Monfragüe à la sortie de Guadalupe. Ensuite, il remonte vers le nord et passe dans les vallées et de la Vera et du Jerte. L'inconvénient est qu'il me fait sortir d'Estrémadure plus tôt tout en m'obligeant à reprendre une route faite à l'aller, sur quelques kilomètres. Mais il sera plus agréable à faire à moto. Enfin, il s'agit là d'une espérance, à ce stade. 

Il est donc 9h00, ce dimanche 26 mai, et je mets le moteur en route. Le soleil brille déjà et il n'y a pas un nuage à l'horizon. Le Parc de Montfragüe est ouvert depuis 1979. Il s'étend sur 500 km² et sert à protéger nombre d'espèces d'oiseaux comme les aigles royaux, les vautours noirs, les cigognes noires, mais aussi des mammifères comme le lynx ibérique, entre autres bestioles. C'est assez étonnant de voir des panneaux sur la route indiquant « Attention aux Lynx ». 

Les paysages sont un émerveillement de chaque minute. A chaque virage, le panorama se découvre, somptueux. Peu après Castanar-de-Ibor, je sors du parc avec une plaine immense, face à moi. A l'horizon, une montagne énorme se dessine, sombre. Je découvrirai, plus tard, que c’est le pic dAlmonzor qui culmine à 2591 mètres. Dans la plaine, il y a comme une mer intérieure... Immense (voir aussi la photo du début de cet article). 

Le Tage et l'embalse de Valdecanas

C'est le fleuve Tage, le plus long fleuve de la péninsule, et l'embalse de Valdecanas. Je m’y arrête, ébahi par cette étendue d’eau douce. Si la Catalogne manque d’eau, cela ne semble pas être le cas pour le reste de l’Espagne. Tiens, une voiture s’arrête. Un couple très âgé en sort, suivi par un autre couple plutôt dans la cinquantaine. Ils installent une table, des chaises et sortent café et divers gâteaux. Ils me demandent si je peux faire une photo d’eux. Bien sûr, j’accepte. Ce qui devait se passer se passe… Ils m’invitent à leur table. On se comprend comme on peut… Mais le moment est très agréable. 

Je repars pour découvrir la vallée de la Vera dans le nord de la haute Estrémadure. Les cimes de la Sierra de Gerdos et le pic d’Almonzor surplombent cette magnifique vallée. En effet, les granits de la montagne alternent avec des pâturages où abonde le « cabra hispanica ». Mais aussi de vastes chênaies auxquelles font suite de magnifiques vergers en terrasse. Cette vallée de la Vera est contigüe de la petite vallée du Jerte qui est aussi la région où le fameux Charles Quint se retira, à partir de 1557, dans le petit monastère de Yuste. Justement, j’y arrive et j’y monte, avant de redescendre et de m'arrêter dans l’adorable bourgade de Cuacos-de-Yuste.  

Cuacos-de-Yuste

Lorsque je repars, je rejoins à nouveau la vallée de la Vera et Madrigal-de-la-Vera où je quitte définitivement l’Estrémadure pour revenir en Castille-y-Leon, dans la province d’Avila. C'est sur ce parcours que je croise le plus de motards dans cette belle journée. C’est donc là que je dois faire le tour du Pic d’Almonzor ainsi que le tour du Parc de la Sierra de Gredos. En effet, aucune route ne permet de passer un col pour aller de l'autre côté de la montagne. Enfin, aucune route bitumée indiquée sur la carte, il y a sûrement des pistes en terre, mais je ne peux m’y aventurer, seul.  Cette AV923 est magique et je comprends aisément la raison de la présence de ces nombreux motards. 


Retour province d'Avila et dans le parc national de la Sierra de Gredos

Elle me conduit aux portes d’Arenas-de-San-Pedro que je trouve bien à mon goût. Une nouvelle étape à retenir pour un futur voyage dans ce coin magnifique. Après un virage, je tombe sur un château-fort comme dans les films et les livres d'histoire… C’est la forteresse de Monbeltran. C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, je retrouve la N102 et Cuevas-del-Valle, où je suis passé à l’aller (voir épisode 1 de ce voyage en Estrémadure). Je bifurque sur l’AV941, après le Puerto-del-Pico. C’est elle qui me permet de faire le tour du pic d’Almonzor que je vois au loin, depuis un bon moment maintenant, avec son sommet enneigé. 

En haut: les contreforts de la Sierra de Gredos  -  En bas : Castro de Montbeltran 


Le Pic d'Almanzor au loin 

Cette AV941 donne accès au Paradores de Gredos, hôtel perdu au milieu de la montagne, puis, grâce à l’AV932, au Puerto de Pina Negra, ce qui me fait franchir les 1900 mètres d’altitude aujourd’hui. De ce point de vue, j’ai la vision sur la partie de l’Estrémadure que j’ai évitée depuis Plasencia et sa N110 toute rectiligne. Je vois aussi très bien la route, que je dois prendre, une fois en bas pour rejoindre Salamanque. Cet endroit semble être un haut-lieu des sports extrêmes comme le deltaplane et le parapente. La zone de départ est juste à côté, d'ailleurs. Il doit être aussi un col apprécié des cyclistes de tout poil, si j'ose dire avec leurs jambes souvent rasées... 

Puerto Pena Negra 




La descente de ce col est fantastique. Quinze kilomètres sont nécessaires pour avaler les 840 mètres de dénivelé. A Piedrahita, je retrouve la route pour Salamanque. J’y arrive après un trajet rapide et rectiligne. 
Il est 16h00. Je découvre les prémices de ce qui m’attend. C’est beau, à priori. 

Vue sur le centre historique de Salamanque

Là encore, je me retrouve dans un très bel hôtel à un prix défiant toute concurrence. Il est situé sur la bordure du centre historique, à quelque pas du pont romain. Pour la première fois de ma vie, je prends un ascenseur avec ma moto, afin de descendre au parking. Je trouve cela incroyable! Il m'en faut peu, je sais. 

Lundi 27 mai. Hier soir, j’ai pris le pouls de cette ville. Dans l’ombre des siècles, Salamanque se dresse, fière et majestueuse, telle une vieille dame au visage buriné par le temps, mais sacrément bien entretenue. Le lifting est quasi invisible. Ses ruelles pavées murmurent des secrets anciens, tandis que ses murs de pierre gardent jalousement les souvenirs des générations passées. Ce que j’en ai vu, hier soir, me laisse penser que la ville est belle, grande et peut-être pas si agréable que cela... Peut-être trop fier ? Sa population vit au gout du jour, avec ses codes vestimentaires et ses références urbaines et espagnoles... Cela me fait dire que, si je dois mettre la belle chemise, celle emportée dans mes bagages, ben c’est ici! Ce soir... L'autre point de différence majeur avec l'Estrémadure, c'est la présence de touristes étrangers en grand nombre. 

Pour l’heure, je vaque à quelques occupations matinales avant de partir pour une balade à moto de quelques heures et de 247 kilomètres. Voir ci-dessus, son tracé en rouge sur la carte des itinéraires des étapes 6 et 7. Cette campagne, côté ouest de Salamanque, est jolie, vallonnée et avec une belle végétation. Il y a de jolis murs en pierres sèches pour marquer les propriétés. Les pistes me font de l'œil, mais je ne m'y lance pas, pour cette fois. 



Elle m’amène près de la frontière portugaise, au pied d’une construction humaine incroyable, le barrage de l’embalse de Almendra. Ce barrage construit dans le cours inférieur de la rivière Tormes, celle-là même qui coule à Salamanque, se situe à cinq kilomètres du village d'Almendra, dans la province de Salamanque. C'est le plus haut barrage espagnol et l'un des plus grands. Le mur du barrage est long de 3,5 kilomètres et haut de 197 mètres. Impressionnant!

Barrage et embalse d'Almendra

Après le barrage, la route bascule dans les gorges du Rio Tormes et longe la frontière entre Espagne et Portugal. L'itinéraire passe aussi par un bout de la célèbre Ruta del Duero qui démarre en Castille-y-Leon,  là où il prend sa source au-dessus de Durelo-de-la-Sierra, et tout près de la Rioja, pour aller se jeter dans l'atlantique, après Porto.

Dans le sens horaire en haut: Au loin, le Portugal - Le Rio de Las Ucles - La cicutina waterfall sur le rio Tormes

Comme je ne veux pas passer toute ma journée sur la moto, je bifurque en direction de Vitigudino pour rentrer à Salamanque. Arrivé dans les faubourgs de la ville vers 15h00, je m'arrête dans une station de lavage, car la moto en a bien besoin...  

Vers 17h00, je pars pour une balade à pied, sur les rives du Tormes. J'ai trouvé le tracé sur Visorando. Il y en a pour une heure, cela m'ouvrira l'appétit. Etant en ville, pour une fois, je pars en claquettes et en short. La première partie (voir le plan ci-dessous, fourni pour la troisième journée à Salamanque pour les détails du tracé de couleur noire de cette balade) est assez bucolique. 


Les choses deviennent plus compliquées, une fois passé le pont de la Universidad. Je descends l'escalier et arrive sur une partie herbeuse non fauchée. Le sentier est encore visible. Je suis la trace, qui part dans de hautes herbes, le long d'une clôture en grillage. Ce grillage entoure une sorte de parc des sports, avec des terrains de tennis et autres bricoles liées aux activités sportives. J'aurais peut-être dû lire le texte accompagnant le tracé Visorando... 

Le terrain devient de plus en plus difficile. Les herbes me dépassent. Aux jolies herbes folles, s'ajoutent des chardons, et là, je ne rigole plus. En claquette et en short, cela ne le fait pas du tout... Plutôt que faire demi-tour, je passe au-dessus de la clôture. Ca va, je suis grand et mes 110 kg ont raison de ce grillage. Bon, bien qu'à presque 60 ans, je n'ai pas envie de faire du mal à ce que vous savez, alors je fais attention. Le short a pris un peu mal quand même, le T-shirt aussi. Ce short, je le mets surtout pour aller au petit déjeuner, le matin. Short et claquette qui font, d'ailleurs, qu'on me dit soit, « hello, mister bazine », soit « Guten tag, Herr Bassine ». Mais, encore une fois, je m'égare. 
    
Ben maintenant, il aura forcément moins fière allure, le short. Le T-shirt, lui, il est trop vieux de toute façon et il ne rentrera de ce voyage. Mais, à propos, peut-être pourrai-je le mettre ce soir pour le quartier underground, en le déchirant un peu plus... Dans le parc sportif, ça va nettement mieux. Le tracé que je propose donc est celui passant intégralement par ce parc. Le tracé que j'ai fait « hors piste » est celui en pointillé noir, sur mon plan avec l’endroit de mon acrobatie… Bon, j'ai aussi quelques égratignures à désinfecter dès mon retour à l'hôtel, avec tout ça. 

Cette deuxième partie me conduit jusqu'au pont romain. 

Pont romain

De là, je monte jusqu'à la terrasse du Parador de Salamanque qui, soit dit en passant est un bâtiment moderne que je trouve particulièrement immonde, m'offre la vue sur Salamanque que je vous ai donnée plus haut. 

La deuxième soirée confirme ma vision du monde de Salamanque. Il y a des endroits où si tu n'es pas sapé, personne ne te regarde et ne te parle, mais où on te prend quand même ta CB.  Il y a des endroits où si tu n'es pas sapé et pas looké, on ne te calcule même pas. Il y aussi des endroits où, si tu n'es pas sapé, ben on te parle un peu, on te regarde un peu et on te prend aussi ta CB... Tout cela ne reflète pas la notion d'élégance qui me tient particulièrement à cœur. C'est fou, la différence avec la simplicité et la chaleur humaine de Mérida. Bien évidement, ce propos concerne les bars et restaurants, à ce stade de ma découverte. 

Mardi 28 mai, jour de visite à pied de la ville historique. Juste ci-dessous, le plan de mes balades à pied avec quelques points de repérage selon ma vision du monde de Salamanque. Le tracé en noir est donc la balade d'hier et le tracé en rouge, c'est la balade d'aujourd'hui. Il faut compter trois heures de marche et neuf kilomètres environ, pour cette dernière. 

Plan des balades à Salamanque

Je pars de l'hôtel à 11h00 et passe par le quartier underground en premier. C'est aussi là que se trouve le poumon de la ville, le marché des halles. 


Les halles 

Chemin faisant, j'arrive dans les rues commerçantes où l'accueil est bien meilleur que dans les bars et restaurants faits précédemment. 


En haut : le palais des congrès - En bas : l'université des sciences et de la chimie

En haut : le pont romain et au fond le bâtiment horrible du parador - En bas: les rues adjacentes aux cathédrales dans le quartier étudiant

J'arrive devant les deux cathédrales, l'ancienne et la nouvelle. J'entre pour visiter, mais je m'aperçois qu'il faut payer. Pas envie de donner de l'argent à une quelconque religion, alors je sors. Je vais plutôt rejoindre le deuxième endroit possible permettant d'avoir des vues sur la ville, en étant en hauteur. Il s'agit du collège des jésuites, l'universidad pontificia ou encore le magnifique bâtiment de la Clerecia. Le premier endroit étant la terrasse du parador, rappelez-vous. 

dans le sens horaire, en haut: Plaza Anaya, l'univerisité Pontificale (Clerecia) - Palacio de Anaya

Il est possible de monter dans les deux tours après contribution de 3,5€. Deux cents marches plus tard, la vue sur la ville s'offre à mes yeux, magique! 







La Plaza Mayor, quant à elle, est un théâtre vivant où les habitants se retrouvent pour partager des histoires, des rires et des verres de vin. Les balcons en fer forgé semblent chuchoter des légendes, tandis que les arcades abritent des cafés animés où le temps s’écoule doucement. Pas besoin d'être sapé ici, la CB suffit. Elle doit être magnifique, mais en ce moment, elle est bardée de boutiques éphémères qui la défigure totalement. Voyez par vous-même sur la photo ci-dessous: 

Plaza Mayor
Encore une soirée ici, mais j'ai peu d'espoir de modifier mon commentaire et mes sensations. 
 
En conclusion et en hommage à ma connaissance virtuelle (celle citée au début de ce billet, Gilles), qui est le roi des calembours qui me font rire, à chaque fois que je les lis. Je ne le connais pas (encore), mais je le soupçonne d’être aussi friand d’un certain commissaire, héros des mots du regretté Frédéric Dard. 

Après trois jours à Salamanque, ben ça la manque plus, elle ne me verra plus.

Sources et crédits de cet article :

Office de toursime espagnole : la ville de Salamanque.  
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