Des années que je veux faire cette randonnée. L'été ? Il y fait trop chaud... Et puis, c'est bien trop loin de Toulouse, pour une balade sur une journée au printemps. Aujourd'hui, 13 avril 2024, les planètes semblent bien alignées...  La météo est estivale pour une mi-avril... Pas de pluie prévue... Aucun vent violent annoncé... Pas d'épisode cévenol en attente.... 

Sur la pente montant au Caroux - Au loin Bédarieux, les monts d'Orb,... 

Et je profite du fait d'être dans ma maison de campagne à Bouyrols dans le Tarn, ce qui me rapproche considérablement de l'Hérault et de Mons-la-Trivalle.
Mons-la-Trivalle est le village point de départ de la grande randonnée que je fais aujourd'hui. Les gorges d'Héric par le sentier des gardes. Cela se trouve donc dans le département de l'Hérault, peu après le joli village d'Olargues, au nord-ouest du département. Voir la partie entourée en rouge dans le plan de situation ci-dessous. 

Plan de situation : 


L'accès au parking se fait par une toute petite route (à péage en saison) amenant au hameau du Verdier-Haut. Impossible de le rater, car de toute façon, il est impossible d'aller plus loin avec un véhicule. Le départ de la randonnée se fait donc du parking (le point le plus en bas de la carte de la randonnée ci-dessous). 

La randonnée est annoncée de niveau « bon marcheur » de par son dénivelé plutôt prononcé, dès le départ, et sa longueur de quinze kilomètres. 

Plan de la randonnée : 


Dans cet écrin de verdure que dessine l’Hérault, se cache le chemin, une épopée de pierre et de vent : le sentier des Gardes. Il serpente, sinueux et fier, à travers le Massif du Caroux, promettant aux âmes aventureuses une quête où chaque pas est une strophe, chaque souffle un vers.

Là où les gardiens d’antan veillaient sur ces terres, le marcheur moderne emboîte le pas, écrivant son histoire dans l’écho de leurs légendes. Le sentier s’élève, défi lancé à ceux qui osent le gravir, tissant un poème de roches et de racines, de lumière filtrant à travers les feuillages.

Me voilà excité comme un enfant et pourtant...  Je ne suis pas bien fier... Vais-je être capable de réussir ce défi ? Grimper au sommet de cette montée, annoncée si rude... 

Départ en sortant du parking, l'Héric coule en contrebas

Très vite, je trouve la passerelle franchissant la rivière Héric et donnant l'accès au sentier des gardes. Comme prévu, ça grimpe fort et pour un moment. Après le premier virage, dans ma montée, je croise un couple de quarantenaires, équipés de bâtons de randonneurs. Ils descendent à vive allure. 

La passerelle amenant au sentier des gardes - Le sentier qui monte - Le panorama depuis le sentier 

En cours de montée, le sentier suit la pente 

Aucun répit durant cette première heure de montée. Quelques randonneurs me doublent régulièrement depuis le départ. L'été, ce chemin doit être bondé... Le sentier contourne un rocher. Il descend un peu et reste à plat durant 400 mètres avant de recommencer à monter durement. C'est là que je me fais doubler par le même couple du départ, ceux qui descendaient... Et qui maintenant remontent à une allure que je trouve, indéniablement, folle. Presque, je me prendrais pour Dupont et Dupond dans leur jeep rouge dans Tintin au pays de l'or noir... Oui, lorsqu'ils descendent de la voiture en marche, après s'être fait doubler par la voiture de Tintin et du capitaine filant à toute berzingue, comme on dit. Enfin, je crois bien que c'est celui-là.

J'arrive à un nouveau plat qui débouche sur une vue panoramique splendide. Un coup d'œil sur mon téléphone et l'application Osmand et je vois que l'altitude n'est que de 700 m. Il en manque donc... Pour être au bout, tout en haut. Encore 250 mètres de montée. Pas de répit pour les braves!

Premier point de vue et pause dans la montée du Caroux

Je quitte le panorama et entre, à nouveau dans la forêt, toujours par le sentier des gardes. J'hésite par endroit. Le chemin est parfois difficile à trouver. La végétation s'estompe et se raccourcit, jusqu'à disparaitre pour laisser place à un champ de pierres. Et c'est en montée toujours...  Evidemment! J'ai de plus en plus de mal à grimper. Je crois que je suis au bout du type de difficulté que je suis capable d'encaisser. Je m'arrête plus fréquemment, afin de faire descendre les battements de mon cœur. Je m'hydrate aussi, de plus en plus souvent, par petites gorgées. J'ai du mal à trouver le chemin. La fatigue et l'épuisement me jouent quelques tours, crois-je. 

Et qui je vois arriver, dans la descente ? Toujours aussi fringuant et marchant à belle allure... Le couple du début, encore une fois... Ils m'annoncent que je touche au but. 

Et enfin, je suis au bout de la montée. J'ai mis 2h30 pour y arriver. Le sentier court, maintenant à plat, parmi les résineux et les cailloux. Je passe le refuge de Font-Salesse. Et voici, enfin, que se dresse le Caroux, tel un géant endormi sous le ciel azuré. Son sommet, tel un vers libre, invite à la contemplation. Là-haut, le monde semble un tableau, une toile où chaque élément trouve sa rime parfaite. Le vent murmure des alexandrins, et le soleil, généreux, dispense sa lumière en doux quatrains.

C'est beau. Je suis à la table d'orientation du Caroux, l'autre sommet de ce département de l'Hérault. Le premier étant celui de l'Espinouse. 

Enfin en haut avec l'arrivée à la table d'orientation du Caroux

Vue exceptionnelle et inoubliable sur les avants monts, le Mont-Ventoux, la mer et les Pyrénées.


A présent, je pars vers le hameau de Douch situé au point le plus extrême, au nord, de cette randonnée. Le chemin, facile au début, me permet de récupérer un peu de souffle. Mais la descente vers Douch devient plutôt raide. Les pierres, nombreuses, roulent sous les chaussures... Les marches se font plus hautes à passer. On dirait que la végétation est sèche et presque morte... En fait, non! C'est juste que mi-avril, les bourgeons n'ont pas encore éclos, à cette altitude. 


Arrivée à Douch


J'arrive à Douch vers 12h30. Je me trouve un endroit ombragé et déjeune. A 13h30, je repars avec la nette impression d'être un peu « au bout de ma vie ». Après un kilomètre, la descente se fait bien plus rude et risquée. Je vais doucement, car la fatigue se fait à nouveau sentir. Mon pas n'est plus aussi alerte et sûr. La prudence s'impose. D'autant plus que je crois que cela va être comme cela, jusqu'à ce que j'arrive au hameau d'Héric où commence le sentier aménagé et facile: le très célèbre sentier des gorges d'Héric. 




Enfin, j'arrive au bout de ce sentier difficile. Le hameau d'Héric est juste là, au bout. 

Cette nouvelle descente offre un contraste, une césure dans le poème de la montagne. Les Gorges d’Héric, avec leurs flots tumultueux et leurs falaises abruptes, sont un chant d’amour à la nature, une ode à la force indomptable de l’eau et du temps. Ici, le sentier devient ruisseau, les mots se mêlent au bruit de l’eau, et chaque pierre est une note dans la symphonie sauvage du retour.

Chaque bassine est un ravissement. Certaines sont simples d'accès, d'autres demandent de la témérité et, parfois, des connaissances en escalade que certains semblent avoir. 

Fin du sentier escarpé amenant au hameau d'Héric depuis Douch

Le hameau d'Héric

La descente, bien qu'aisée, devient éprouvante en raison de la chaleur. Décidément, la notion de niveau « bon marcheur » me paraît un brin sous-estimée pour cette randonnée. Je trouve que le qualificatif de « difficile » serait plus juste. J'arrive au bout de mes 2,5 litres d'eau à 1 kilomètre de l'arrivée. Fort heureusement, une autre bouteille d'un litre m'attend dans la voiture. 

Le sentier aménagé le long de l'Héric


Ainsi se termine le récit d’un jour sur le sentier des Gardes, une histoire tissée de pas et de souvenirs, gravée dans l’éternité des montagnes. Pour ceux qui parcourent ce chemin, chaque randonnée est un poème, chaque vue un couplet, et le Caroux, un refrain qui résonne longtemps après que le silence est retombé.

Bon! C'est beau, mais je suis rincé!!! Il faut que je rentre maintenant, sans m'endormir au volant... 

Sources et crédits de cet article :

- Tourisme Minervois Caroux - Découvrir le massif du Caroux 
 
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