En voyage, pour ma part, la belle rencontre est une quête. Sur deux ou trois semaines, cela est possible, mais reste rare. Sur quatre semaines ou plus, il peut y en avoir plusieurs, avec une qui sort globalement du lot. Celle dont tu te souviens encore des années après. Pour ma part, il me faut un peu de temps pour être prêt. Je dois respirer le pays, goûter son côté nourricier, laisser de côté la logistique, virer de mes pensées les clichés habituels pour, enfin, être en capacité d’ouvrir mon esprit à la rencontre de cœur à cœur.  

Abdel et sa famille - Abdel à gauche - son épouse au dessus - les enfants - Miloud arrivé le matin du 16/4 

En ce 6ᵉ jour de voyage, en sachant que c'est ma deuxième journée au Maroc, je rencontre Abdelkader le Berger, et sa famille, sur la montagne entre Matarka et Debdou, à une altitude de 1500 mètres. Je m'en souviendrai tout le restant de ma vie, ainsi que mes proches. Sans lui, mon existence aurait été bien plus incertaine...  
Itinéraire Suivi:

 

La visite de Nador sur la journée du 14/4  ne me laisse pas un grand souvenir. J'ai fait ce que j'avais à faire. C'était nécessaire de toute façon. 

Ce matin du 15/4, je charge la moto et pars pour mon étape du jour. J'ai été réveillé à 4h30 par les aboiements des chiens errants. Cela me rappelle la Roumanie et la Moldavie (voir ici). J'ai prévu d'être du côté de Lamrija aux alentours de 16h00. Le trajet démarre par une bonne portion de nationale à 4 voies. Le rallye des gazelles a lieu en ce moment. Un bon nombre d'équipages était présents à mon hôtel hier. Thierry (un ami, ancien bénévole du staff du rallye, m'a averti qu'elles étaient arrivées, hier soir, avec le ferry arrivant à Nador). 


Je quitte cette nationale à quatre voies après une trentaine de kilomètres. Je prends la direction de Oulad-Sidi-Bechir. La route est plus étroite et les contreforts de l'Atlas se présentent. Le paysage se découpe et le côté minéral commence à ressortir. Les arbres disparaissent progressivement du paysage. Le besoin de se chauffer, quand c'est nécessaire, ainsi que la nécessité de préparation quotidienne des repas poussent les gens à les couper pour faire du feu. J’ai vu cela à Madagascar et dans d’autres contrées assez pauvres, en général. Est-ce pour cette raison ici ? Je n’en ai pas la moindre idée. Il est clair que le climat est aride, que l’eau manque et que les vents sont assez forts. Il y a peut-être aussi du surpâturage des chèvres omniprésentes.


Depuis mon départ, il fait frais et le soleil a du mal à se montrer. Je vois aussi que les nuages sont bien plus foncés dans la zone où je me rends. Je roule depuis environ trois heures. Bizarrement, mon GPS m'indique que je m'écarte du tracé. Or, je n'ai pas changé de route, et surtout, je n'en ai pas vu d'autres... J'avance encore, pensant avoir perdu le signal quelques instants. Non, cela ne revient pas. Je redémarre la tablette et le logiciel Osmand, mais non, c'est toujours pareil. 

Le GPS me positionne sur la carte, mais à côté de la route que je devais suivre. J'oublie de passer le rendu de la carte topographique en mode « enduro ». Ce qui fait que la carte à l'écran ne me montre aucun chemin (ou plutôt je ne les vois pas). Soudain, le bitume s'arrête. C'est une belle piste en gravier, large et très roulante. Je décide de continuer. Ce fut, sans aucun doute, ma première erreur. Mais, sans cette erreur, je n'aurais pas vécu ce qui va se produire. Après analyse, cela me rappelle aussi que la carte n'est pas le territoire... Mais juste la représentation mentale de celui qui la dessine, à un instant donné… 

Gravel road sur le territoire de Matarka

Je continue cette piste qui en rejoint une autre. Alors ? Est-ce que je pars à droite ? Est-ce que je pars à gauche ? 

Ben non ! Abruti ! Tu fais demi-tour, car là, tu es perdu.

Ah si on écoutait toujours sa petite voix... Je pars à gauche, me racontant la belle histoire qui m’arrange et qui est que, bien sûr, je me rapproche du tracé initial qui est toujours marqué sur mon écran de GPS. Je me rapproche effectivement du trait bleu matérialisant le tracé prévu. Et puis ? C'est top cette piste. Je rigole bien à piloter, là-dedans. A un moment, mon ancien tracé n’est plus qu’à un kilomètre et je croise une nouvelle piste allant directement dans la bonne direction. Mais elle est toute petite et assez cassante. Ce n'est pas une bonne idée, me dis-je... Trop technique, et ma moto est bien lourde avec les bagages. 

Cela fait beaucoup d'erreurs à la suite à ce moment-là. Mais elles sont sans conséquences immédiates, pour l'heure. 

Plus j'avance sur la piste large, plus j'ai l'impression de revenir sur mes pas. Je croise un berger et lui demande si la piste va bien à Debdou, et si elle est en bon état pour ma moto chargée. Il me répond oui pour les deux questions et me conforte dans mon choix de poursuivre. Je demande encore un avis à un groupe d'ouvriers travaillant à un puits et eux me disent de prendre cette piste-là, à droite et qui monte. 

Elle me parait un peu cassante, mais bon rien de grave, me dis-je. La pluie commence doucement. A mi-parcours, les pierres laissent place à de la terre. Elle est humide. Il est 14h00, je n'ai pas encore déjeuné. Je préfère attendre d'être sorti de ce chemin pour prendre mon repas. La pluie me dérange. Une crainte commence à poindre. La terre devient de la boue de plus en plus présente. Elle colle aux roues, aux bottes et, finalement, la glissade par l'arrière est plus forte. Je me vautre sur le flanc droit. Je sors les sacs de la valise gauche pour pouvoir relever la moto. 30 mètres plus loin, rebelote. 20 mètres plus loin, dix de der. Je commence à être épuisé. C'est là qu'un gars sort de la montagne... De je ne sais où... Et il m'aide en plus. Il ne comprend pas le français. 

Grâce à lui, j'avance à petits pas. Je commence à me rendre compte que je suis dans un bourbier. Un véritable bourbier. C’est la caricature du lieu et des conditions qu’il ne me faut pas avec le type de moto et le chargement que j’ai. D'autant plus que la pluie est maintenant très forte. Mon obsession d'avancer m'empêche de voir et d'être lucide. Le gars passe un appel téléphonique et je vois une autre personne sur les hauteurs, à cent mètres au-dessus, pour être exact. Il y a un foulard rouge sur la tête. C'est sa femme, me dis-je. Il me tape sur l'épaule pendant que j'essaye de reprendre mon souffle. A sa mine et à ses gestes, je comprends qu'il me propose d'aller chez lui, et d'attendre que la pluie cesse. 

Mais comment donc ? Que je laisse ma moto sur la piste là... Toute seule. Mais tu n'y penses pas garçon! Même pas en rêve. Je remonte sur la moto et remets un coup de gaz. J'avance de 30 mètres et me vautre encore. Cette fois, j'ai le pied coincé par le repose-pied. Abdelkader arrive. Et oui, Abdel, c'est lui, mais cela, je le saurai bien plus tard. Il soulève la moto. Je peux me dégager le pied. Rien de cassé à priori. C'est le déclic dans ma tête. Je sais que je ne peux pas aller plus loin et que, continuer, c'est suicidaire. Abdel me montre le sentier pour aller chez lui, à pied. Je lui fais signe que je suis d'accord, mais je prends le sac réservoir, où j'ai mon traitement et diverses bricoles, ainsi que le sac à dos dans lequel je mets deux gourdes pleines. En effet, je sais que boire l'eau qu'il boit serait catastrophique pour mon estomac et mes intestins qui n'y sont pas habitué. 

Abdel me conduit dans sa maison. Il me présente son épouse, ses enfants. Il y a une autre femme avec eux. Je me demande si c'est aussi son épouse. On essaye de se comprendre. Je parle de tracteur. Le mot est similaire en arabe, il comprend. Il passe quelques appels sans succès. Le réseau est très aléatoire. J'arrive à envoyer un message à mon épouse pour lui dire que je suis en sécurité, mais que je ne peux plus avancer avec la moto. Je préviens Hamza, mon gendre, en lui donnant le numéro de téléphone que m'a donné Abdel. 

Le berger me dit de m'asseoir et qu'on va prendre le thé et manger un morceau. La pièce dans laquelle je me trouve est celle en photo ci-dessous. Je comprendrai, plus tard, que c'est la seule pièce disposant d'un sol en béton. C'est ce qu'ils appelleraient leur salle de séjour pour recevoir, me dis-je, sans certitude. 

Hamza, m'appelle. En fait, le numéro qu'Abdel m'a donné est celui de son frère qui vit en Espagne. Il a plus de réseau et a pu informer Hamza de la situation. Son frère lui a indiqué de me dire que je devais me tranquilliser. Abdel et sa famille vont s'occuper de moi. Il est 16h30. Je comprends que c'est fini pour aujourd'hui. Dehors, le mauvais temps est bien installé. Je vais passer la nuit ici. L'angoisse monte. La panique n'est pas loin. Abdel le voit, sans doute. Il me dit de m'asseoir, il plante ses yeux dans les miens avec toute son humanité, et on boit chaud, et on mange. Son regard intense et plein de force me réconforte. Même si j'ai du mal à avaler quelque chose, le thé chaud me fait du bien. J'en suis moins sûr pour le fromage de brebis que nous prenons avec des morceaux de pain. Je n'ai pas vu de laboratoire et le certificat sanitaire... J'en ris aujourd'hui, quand j'écris ces lignes, mais sur l'instant... 

Ses paroles me sont totalement incompréhensibles. Mais je retiens les gestes et les derniers mots que j'interprète de cette façon: il m'indique que la pluie est là, qu'on n'y peut rien et qu'il faut le prendre en considération. Qu'il va faire froid cette nuit. Je suis en sécurité avec lui et sa famille et ils vont s'occuper de moi. Il me montre les couvertures présentes dans la pièce. Tu auras chaud et tu seras nourri me dit-il dans ce que j'interprète. Et demain ? Inch Allah, on verra bien. 

La pièce où je vais loger - Abdel, son épouse et l'autre femme - Le thé, le pain et le fromage de brebis

Ces derniers mots résonnent en moi. La panique s'estompe. Je vais vivre quelque chose que peu d'Occidentaux vivent. Passer un moment de vie avec un berger et sa famille dans la montagne de Debdou. Chaque voyage que je réalise a ce but de pouvoir être dans ces moments de vie multiculturelle entre Etres Humains d'origines totalement différentes. Oui, mais quand même, ma moto ? Mon chemin ? Lâche prise. Je réalise que ces gens n'ont rien et qu'ils vont me le donner, malgré tout. C'est l'essentiel. Se nourrir, être au chaud, et en compagnie d'humains qui se veulent du bien.

Puisque je reste là, autant me changer. Mes fringues de moto sont trempées. J'ai froid. J'indique à Abdel que je dois aller récupérer une partie des bagages. Il m'accompagne, car il a bien compris que mes capacités physiques étaient diminuées. Cet homme voit mon épuisement dans mes yeux. Nous profitons d'une courte accalmie pour faire l'aller-retour. La moto est toujours là, et debout. 

Nous dînons d'une magnifique sorte de tortilla (enfin, c'est le nom que je lui donne) et d'un gâteau délicieux. J'écris « nous dînons », mais en fait, c'est Abdel et moi qui dînons. Les femmes et les enfants sont dans l'autre partie de la maison que je ne connais pas encore. Je comprends que ce qui restera servira de dîner aux membres de la famille. Du coup, ça calme mon appétit qui, de toutes les manières, en a pris un certain coup, il faut bien l’admettre. Ce qui, chez moi, signifie qu'il y a un problème sérieux. Mes proches le confirmeraient sans aucun doute. 

A 19h00 je suis dans mon duvet, sur les paillasses installées par l'épouse d'Abdel. Ils vont tous dormir dans leur partie de la maison. La nuit n'est pas très bonne. Dehors, la tempête fait rage. Il y a pluies, grêles et neige. J'ai la bonne idée de sortir, en caleçon, vers 3h pour faire ce que j'ai à faire à mon âge... Heureusement, j'ai tout de même mis ma veste chaude. Je reviens grelotant. Dehors, c'est la fin du monde. La gamberge reprend. 

Dans le sens horaire : le repas du 1er soir - La maison dans son environnement - le jour suivant avec tout le monde au chaud devant la cheminée 

Le 16 avril, je me lève avec l'impression de ne pas avoir fermé l’œil. Dans la nuit, j'ai eu la bonne idée de penser que je pouvais avancer en retirant les 3 valises de la moto, faire 100 mètres avec la moto et revenir chercher les valises. Avec 3 ou 4 gars, ça doit être jouable, me dis-je... J'expose mon plan à Hamza. Lui m'indique que les infos qu'il a, laisse penser que tout est impraticable. Il propose de contacter la gendarmerie royale et me demande mon accord. J’acquiesce, car de toutes les manières, je ne sais pas ce qui m'attend après le chemin sur lequel se trouve la moto. 

Abdel et Hamza discutent, puis le berger me dit de venir dans l'autre partie de la maison puisqu'il fait très froid, et là-bas, il y a du feu. Nous prenons le petit déjeuner. Un autre homme arrive, par la suite encore un autre. J'ai l'impression qu'Abdel a rameuté ses collègues bergers pour aider, quand ce sera le moment. Le téléphone d'Abdel sonne, c'est le commandant de la gendarmerie de Debdou. Abdel me le passe, celui-ci parle français. Il m'indique qu'ils vont s'occuper de moi. Que cela va peut-être prendre du temps, car la pluie a tout transformé dans le territoire. Il essaye avec un camion ou un tracteur et une remorque. Il est 9h30. 

Durant ce laps de temps, on mange. Le papa d'Abdel est arrivé, à pied bien sûr, avec des vivres. Les femmes s'affairent, car de toutes évidences, rien ne se fera avant que le thé ne soit servi et qu'un repas ne soit offert aux dépanneurs, et à moi évidemment. Les infos arrivent par le commandant de Debdou. Les chemins sont impraticables, le camion a du retard. Il doit attendre la décrue. Pendant ce temps ? On mange un fabuleux riz sucré à la canelle et aux fruits secs.  Les femmes adaptent et se réorganisent. Les hommes ? Ils discutent... 

A 14h00, les hommes du camion sont là, arrivés à pied. Le camion attend un peu plus avant, car il ne pouvait rouler sur le chemin qui restait. Ils sont trois. Avec ceux déjà présents, cela fait 7 hommes et moi. Je sens qu'on va s'en sortir. Le thé est servi ainsi qu'un repas fait de pain, d'un délicieux plat de lentilles et de brochettes de poulets grillés.

En haut à gauche : Le papa d'Abdel qui prépare le thé - en haut à droite : les trois dépanneurs - en bas : l'arrimage de la moto sur le camion

Personne ne parle ma langue, sauf peut-être ce jeune en tenue marocaine. Il ne s'affiche pas, mais je sens qu'il comprend tout ce que je dis. Le moment vient de partir. Je dis au-revoir aux enfants et aux femmes. Je voudrais donner un peu d'argent à Abdel, mais il refuse catégoriquement. OK, je sais ce que je vais faire grâce à Hamza et à sa famille. Tous les hommes se mettent en route. Je retire les bagages de la moto (comme je l'avais pensé cette nuit) et chaque homme en prend une partie. Moi ? Je monte sur la moto et mon rôle est de l'amener près du camion. Cela fonctionne beaucoup mieux sans le surplus de poids des valises. Après 500 mètres, je les attends, car je trouve qu'on peut remettre tout le fourbi sur la moto. Ils sont d'accord. 

J'arrive au camion. Celui-ci me parait très, très vieux... Les pneus sont lisses... Les portes tiennent avec de l'ingéniosité africaine. Mais bon... Ce n'est pas mon affaire. Reste qu'il faut monter la moto sur le plateau du camion... Je suis le seul à savoir conduire une moto, mais je n'ai jamais fait cela... Monter sur le plateau d'un camion à l'aide d'une rampe... Je me revois lors d'un cours de Jean Pierre Goy (le cascadeur) me disant : « ne regarde pas l'obstacle, regarde où tu veux que la moto passe ». Sauf que ce jour-là, il y a déjà 11 ans, je n'arrivais jamais à passer sur le petit bord du plateau tout terrain, sans tomber dans la grosse ornière. Je leur fait déplacer la rampe, afin qu'elle soit au milieu du camion et sans débord. Je me concentre et répète mon mantra : « regarde là où tu veux aller». En l'occurrence, en face de moi au milieu de la cabine du camion. J'y suis. Ouf! 

Nous mettons 1h30 pour arriver à Debdou et parcourir les huit kilomètres de pistes et trois kilomètres de route nationale. Lorsque je vois l'état de la piste, je comprends que je ne serais jamais passé. La moto reste bien en place sur le plateau malgré les brinquebalements incessants dus à l'état du chemin. 

La piste impraticable à moto

En cours de route, le chauffeur du camion constate un problème. Un caillou s'est enfiché dans le  pneu avant droit. Reste à espérer qu'il ne dégage pas avant la ville... Cela se produit devant la gendarmerie royale. J'entends le pfffftttt et le camion s'affaisse sur la droite. Nous sortons. Le comité d'accueil est là. Je rencontre le commandant qui a organisé mon « sauvetage ». Je le remercie. J'appelle Hamza qui se charge de négocier le prix de l'affaire. Mon gendre m'a proposé de me réserver un gîte à Debdou considérant que j'allais être fatigué pour faire de la route. Je m'y rends aussitôt. 

C'est assez agréable d'avoir un assistant dans la gestion du voyage...Un peu comme avoir une cellule de veille dans les courses au large à la voile. Hamza a reconfiguré ma réservation de Merzouga, car tout est parti en vrac... Forcément. J'ai modifié les itinéraires à suivre, car je suis fatigué. Je dois récupérer. 

La nuit a été réparatrice. Dans tous les cas, aujourd'hui 17/4 est devenu une étape courte et sans chemin difficile. Je pars pour Midelt via les routes « normales ». J'ai fait le check de ma moto après ces péripéties. Une boucle de sangle cassée sur la sacoche de pare-cylindre gauche, l'extension de garde-boue avant qui s'est détachée, les rétroviseurs se sont déplacés et des kilogrammes de boue retirés après un passage au lavage dans la station service de Debdou. Rien de grave donc. 

Debdou

Après être remonté à 1500 mètres, la route traverse un plateau offrant une vue splendide sur le haut Atlas. Je croise des Marocains à moto. J'ai l'impression qu'ils ont besoin d'aide, l'un d'eux m'a fait signe. Le milieu pouvant être hostile, chaque véhicule qui croise un véhicule arrêté fait un signe pour dire que tout est OK, ou qu'il y a besoin d'aide. Il me demande de l'eau pour boire. En fait, j'ai surtout l'impression qu'il veut faire une photo avec ma moto. Au loin, j'aperçois les sommets enneigés du haut Atlas. 



Je passe à Outat el Haj et traverse l'Oued Moulouya où il y a de l'eau, pour une fois.  


Vers 13h00, je m'écarte de la route pour trouver un endroit où déjeuner. Je me fais mon repas, aujourd'hui, et c'est coquillettes au jambon. Pas facile de trouver un arbre dans la région afin qu'il m'apporte un peu d'ombre. Pas facile de trouver un endroit sans détritus, non plus. J'évite donc les abords des villes et villages. 

Finalement, une piste, sur ma droite, s'enfonce dans ce désert de cailloux. Il ne fait pas encore trop chaud, non plus. Je me passerai donc de l'ombre d'un arbre. Cela fera l'affaire.


Vers 15h00, j'arrive à mon étape. La ville de Midelt. Je fais le plein du réservoir et trouve un distributeur de billets. Ensuite, je me rends à l'hôtel réservé par Hamza, la Kasbah Assmaa. Il avait raison, c'est plutôt bien et luxueux. C'est radicalement différent de la bergerie d'Abdel. Beaucoup plus impersonnel, évidemment. Toutefois, et c'est la première fois depuis le début du séjour, des boissons alcoolisées sont disponibles, au bar de l'hôtel. 

Vendredi 18 avril, je mets en route à 9h30. Cette étape est également reconfigurée par rapport au tracé initial. Je rejoins, tout de même, le tracé prévu après Rich en partant vers l'Est. Cela n'empêche pas le GPS de me proposer une route qui finit dans un lac (voir photo ci-dessous)... Bon, ben demi-tour, alors! 

La route va dans le lac... 

Le paysage de montagne dénudée se transforme totalement à l'approche de l'oasis de Ksar Kaddoussa. C'est vraiment impressionnant de voir cette étendue verte au milieu de ce désert de caillasses. Peu après, je trouve la N17 descendant de Boudnib, où j'aurais dû être, il y a deux jours. 

Ici le paysage est également étonnant. Je traverse d'immenses plantations de palmiers. Après recherches d'informations, il s'agit de palmiers dattiers et de palmiers destinés au reboisement des oasis. Au Maroc, il est absolument interdit de couper un palmier. A tel point, qu'il n'est pas rare de voir les habitants construire leur mur avec l'arbre qui passe à travers. Les plantations que je traverse sont entourées de murs d'enceintes ou de clôtures hautes et l'entrée est souvent un porche majestueux. Un peu comme les vignobles de Bourgogne ou du Bordelais. 

en haut à gauche : oasis de Ksar Kaddoussa - à droite : plantation de palmier - en bas à gauche : Oasis Ouled Chaker 

Après être passé sur la RN13, je tombe sur une autre oasis complètement engoncée dans une gorge de l'Oued Ziz. Je traverse Erfoud et continue à descendre jusqu'à Merzouga où j'arrive vers 14h30. Au loin, j'aperçois les grandes dunes. C'est là bas que je passe la nuit, ce soir. Mais d'abord, je pose la moto et mon chargement à l'hôtel qui m'héberge pour les trois nuits à venir. 


J'ai le temps de me changer et la réceptioniste de l'hôtel me donne une chambre, provisoirement, afin que je prenne une douche, nécessaire. Je passe les deux heures suivantes à la piscine avant d'embarquer dans un 4x4 qui me conduit au bivouac, au pied de la grande dune de Merzouga, juste avant le coucher du soleil. 

L'heure qui suit consiste à se trouver un poste d'observation que je rejoins en marchant dans le sable, puis juste ouvrir les yeux, regarder et profiter du magnifique spectacle :




J'ai fait un choix parmi 80 clichés... C'est beau et cela apporte le calme. Le bivouac, en lui-même, n'apporte pas grand-chose, si ce n'est de côtoyer des groupes de touristes de toute nationalité et de voir le folklore que les Marocains déploient pour satisfaire les touristes.  

Le lendemain, samedi 19 avril, je rentre à l'hôtel à dos de dromadaire. Deux heures, c'est bien. Il n'en fallait pas plus. 


Deux jours sans rouler et en profitant du luxe de mon hébergement. Quelques escapades dans le village pour prendre le vent de sable et le pouls du village dans les cafés et les gargotes de Merzouga. Cela ne peut pas faire de mal. 

Lundi prochain, je reprends la route. 

Sources et crédits de cet article :

Rien à signaler en dehors de la consistance de l'aide inestimable d'Abdel et de sa famille ainsi que des autres bergers alentours. De l'aide de son frère vivant en Espagne ayant fait central téléphonique. De l'aide  du commandant de la gendarmerie royale de Debdou et de l'équipe de dépannage. Et enfin de l'aide  d'Hamza, mon gendre. 

Merci à vous toutes et tous. Choukrane! Choukrane! Choukrane!

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