M'y voilà ! Cette semaine sera marquée par les festivités du mariage de ma fille Natacha avec Hamza, le lion de l'Atlas. Dans mon imaginaire, assister à un mariage marocain sera une expérience riche en couleurs, en traditions et en émotions. De ce que j'en ai lu et compris, c'est bien plus qu'une simple cérémonie. La célébration sera empreinte de festivités, de musiques envoûtantes, de danses animées, de moments spectaculaires, de mets savoureux avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. 


Chaque moment, du henné à la grande fête, reflètera un héritage culturel unique où l'hospitalité et l'amour occuperont une place centrale. Participer à cet événement, c'est plonger dans un univers où joie et convivialité règneront, et où chaque détail racontera une histoire fascinante.  Chez Natacha et Hamza, on a le sens de l'organisation... Un site dédié au mariage au Maroc : oasis-love est en place depuis quelques mois. Je sais que la cérémonie ne sera pas tout à fait la même qu'un mariage traditionnel marocain. Je sais que la place au mélange de nos deux cultures est faite. Je sais que j'ai un rôle à tenir durant la cérémonie principale du deuxième jour, à l'arrivée des mariés. Pour le reste ? Je ne sais rien. Mais d'ici à cette fin de semaine et ces deux jours de festivités, la découverte du Maroc en mode touriste en couple continue. 

Itinéraire partie 2 du voyage - déplacement en voiture en couple. 


Itinéraire depuis le début du voyage : 


Samedi 3 mai: premier jour de vacances dans le voyage... Oh là! J'en vois qui tiquent sur la terminologie. Surtout mes collègues, s'ils lisent ces lignes, dont un certain « Bertrand » qui assume ma charge (en sus de la sienne) depuis mon départ. Je l'entends bien me dire : 

« - Heu, pardon Sylvain, désolé de casser l'ambiance. 
- Mais, en toute bienveillance, t'es sûr ? 
- Premier jour de vacances ? Pardon ? Mais nous, depuis 24 jours, nous n'y sommes pas en vacances. Et je t'assure que toi, tu y es bien. 
- Alors, pardon!! Mais il fallait que je te le dise. » 

Et tu as raison Bertrand. Merci à toi et à toute l'équipe. Sans vous et la répartition faite, je n'aurais pas pu partir.  

Toujours est-il que c'est une nouvelle typologie de voyage qui s'ouvre. Hier soir, je pense avoir compris un morceau du fonctionnement des Marocains. Quand tu as des gens pour dîner, tu comptes le nombre qu'ils sont prévus et tu doubles ou triples les quantités, dès fois que d'autres personnes arriveraient. Mais surtout, il est impératif qu'il reste encore de la nourriture à la fin du repas, sinon c'est signe qu'il n'y en avait pas assez... J'ai donc fait connaissance avec :

- Latifa, mère nourricière incontestable. 
- Abdelkrim, jeune retraité, posé, patriarche incontesté, plein d'humour, taquin et futur père de substitution pour ma fille... Lorsque la commission d'analyse aura bien pesé le pour et le contre de cette proposition. 
- Meriem, sœur aînée d'Hamza (celui dont je suis aussi le père de substitution maintenant - voir le premier article consacré à ce voyage). Belle jeune femme pleine de vie et de bonne humeur. 
- La ferme, terme consacré pour décrire la maison de Marrakech qui servait de pied-à-terre quand Abdelkrim était en poste à Marrakech. 

Quand j'y suis arrivé et que j'ai vu, les premiers mots qui me sont venus sont ceux dits par Karen Blixen jouée par Meryl Streep, lorsqu'elle ouvre le film « Out of Africa ». 

« J'ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong. » 

Pour ce qui me concerne, je devrais plutôt écrire : « J'ai été invité dans une ferme en Afrique, au pied de l'Atlas ». 

La ferme à Marrakech

Toutes proportions gardées, les impressions sont les mêmes que lorsque j’ai découvert les premières images de ce film. Les premières sensations étaient celles ressenties à l'ouverture du film. Ici, il y a profusion d’orangers, citronniers, figuiers, pêchers, oliviers, menthes, verveines, sauges, etc… L'Atlas est visible depuis le toit terrasse. On peut même voir le début des dunes du Sahara qui commence à Agafay, pas loin d'ici. 

La soirée fut délicieuse. La nuit reposante et ce matin, une belle journée s'annonce puisque ce soir, je retrouve ma chérie. 

Mais d'abord, je dois aller chez le coiffeur. Oui, Lola!! C'est aujourd'hui que quelqu'un te remplace. Natacha et Hamza me prennent en charge, jusqu'à ce que je récupère les clefs de l'appartement loué ainsi que la voiture de location. 

L'Aventure chez le coiffeur

Ce premier contact avec Marrakech, la bouillonnante ville aux mille et une couleurs, me fait écrire que cela s'applique à quelques quartiers que je qualifierai de privilégiés. Ceux de « Gueliz et d'Hivernage » (voir la carte ci-dessous), en l'occurrence, puisque c'est là que je récupère respectivement la voiture et l'appartement.

En marron : séjour de début mai - en bleu : séjour du 11 au 13 mai



Je crois qu'il s'agit d'un bougainvillier

Vue du quartier Hivernage depuis la terrasse de l'appartement loué

Le soir-même, Murielle arrive. Le lendemain, c'est promenade à Marrakech avec Natacha et Hamza. Découverte de la place Jemaa-El-Fna et du souk. A l'heure où nous y passons, il n'y a pas encore trop de monde. Pour autant, Murielle comme moi ressentons que ce lieu n'est pas un endroit pour nous. Les spectacles exploitant les animaux sont affligeants. Le passage dans la Médina, accompagné d'Hamza et Natacha qui évoluent comme chez eux, nous permet de ne pas être sursollicités. Nous déjeunons dans un établissement avec un  « rooftop », concept qui semble très tendance, ici comme ailleurs... On y mange pas mieux, mais beaucoup plus cher qu'ailleurs. Certes, il y a du beau mobilier et un travail considérable sur la décoration, mais... Cela ne suffit pas à compenser la qualité, très moyenne, de la cuisine. 


Lundi 5 mai, départ à Essaouira, avec la voiture de location, cette fois. Le GPS nous emmène sur une partie de l'autoroute A3 allant de Casablanca à Agadir. Une fois sur la nationale, je retrouve les routes habituelles (celles en bon état) depuis mon arrivée au Maroc. Nous traversons quelques villes et villages qui permettent à Murielle de se confronter à la réalité du Maroc. 

Nous arrivons vers 13h30. Le temps de trouver l'appartement, de prendre les clefs, de ranger la voiture au parking et de sortir les bagages, nous partons vers la Médina, et trouvons un endroit où déjeuner. Nous faisons un tour dans le souk pour en sentir l'ambiance en sortant du restaurant. J'y trouve un vêtement dont j'ai besoin pour la première soirée du vendredi soir. 

Essaouira, au temps du protectorat français, s'appelait Mogador. Ce nom « Mogador » est omniprésent sur les panneaux de direction et autres affiches. Pourtant, de nos jours, seule l'ile au large d'Essaouira porte réellement ce nom. 



Mardi 6 mai, nous faisons une longue balade sur le bord de la plage. Cette promenade m'amène à penser que la ville est une sentinelle sur l'océan. Sous le ciel poudré d’embruns, Mogador veille, éternelle et fière, dressée face aux caprices de l’Atlantique. Son nom résonne comme une promesse d’exil et de mystère, une lueur d’azur entre les vagues et les vents, un chant d’antan perdu dans le bruissement des palmiers et le cri perçant des goélands.

Ici, les remparts caressés par l’écume s’effritent sous les pas des rêveurs et des marins, témoins d’un passé où les peuples se croisaient, commerçaient, s’aimaient et s’affrontaient dans une danse infinie. Derrière les lourdes portes sculptées, des patios murmurent encore les secrets des siècles, où la lumière filtre entre les moucharabiehs en dentelle, dessinant sur les carreaux usés des ombres mouvantes, échos d’une mémoire qui ne s’éteint jamais.

Mogador est une respiration lente, une mélodie de bois et de sel, un poème gravé dans la pierre. À l’aube, lorsque la ville s’éveille sous les premières caresses du soleil, les pêcheurs démêlent leurs filets aux couleurs fanées, racontant, entre deux silences, les légendes de la mer et les mirages d’un ailleurs inatteignable. L’océan, immense et souverain, repousse les âmes égarées vers ses rives, captives de l’appel du large et du désir irrépressible de partir, mais toujours de revenir.

Mogador, l’Atlantide marocaine, porte en elle la mélancolie des ports ouverts aux vents et aux songes. Et quand la brume l’enlace dans un manteau d’opaline, elle semble flotter entre deux mondes, hors du temps, suspendue à l’infini. C'est peut-être pour cela que ce nom Mogador est omniprésent. Peut-être fait-il plus rêver qu'Essaouira ? 

Le vent est fort et le soleil, bien que présent, n'est pas très chaud. Les pulls sont nécessaires. La baignade n'aura pas lieu, c'est certain. Il n'y aura pas, non plus, de séances allongées sur la plage.  


Durant cette promenade, je découvre une essence d'arbre que je ne me rappelle pas avoir vue ailleurs. Renseignements pris auprès d'un jardinier, il s'agit d'araucarias. Ce sont des arbres importés du Portugal. Dans les ruelles blanches d’Essaouira, où le vent sculpte la pierre et le sel grave la mémoire, les araucarias ou pins de Norfolk dressent leurs silhouettes austères, comme des phares terrestres veillant sur la mer. Leurs branches s’élèvent en étages successifs, rigides et solennelles, défiant les rafales atlantiques et se balançant à peine sous le souffle incessant des alizés. Je les trouve surprenantes, belles et étranges, ces branches. Elles touchent quelque chose au fond de mon âme. Je ne sais pas dire de quoi il s'agit. 

Ces géants, venus du continent voisin, ont trouvé refuge ici, enracinés dans le sable et la lumière. Leur feuillage, d’un vert sombre et immuable, absorbe les éclats du jour et semble retenir en lui l’histoire murmurée par le ressac. Qui sait ce qu’ils ont vu ? Les caravanes de sel et d’épices glissant entre les remparts, les marins scrutant l’horizon en quête d’un retour incertain, les poètes cherchant, sous leur ombre, l’inspiration fugitive d’un vers éternel. 

Là où l’olivier danse, souple et résigné, l’araucaria impose sa prestance, arbre du temps figé, gardien des lieux où se croisent ceux qui viennent et ceux qui partent. Leur écorce rude conserve les secrets des voyageurs, les promesses échangées sous leurs branches, les silences de l’attente. En apposant mes mains, mes sens s'éveillent, les mots apparaissent un à un. Le vent passe, balaie, chante, mais eux demeurent, insensibles et nobles, témoins discrets d’une ville qui s’efface et renaît à chaque marée. Sous leurs frondaisons, la lumière hésite, tamisée par l’ombre sévère de leurs aiguilles. Et lorsque le crépuscule habille Essaouira d’un manteau mordoré, les araucarias se fondent dans l’horizon, statues vivantes d’un âge qui ne connaît ni fin ni commencement. Ils sont beaux et incroyables. 


Après déjeuner, nous découvrons l'intégralité du centre historique par une déambulation méthodique, orchestrée par mon épouse. Dès l’entrée, l’ocre des remparts contraste avec l’azur profond du ciel, et l’appel du large se mêle aux parfums salés que l’air transporte. Le dédale des venelles s’anime sous la lumière tremblante de l'après-midi. Ici, une échoppe déborde de tapis aux teintes fauves et indigo, là un artisan martèle le cuivre, sculptant dans le métal des arabesques qui capturent le temps. Les murs blanchis portent les traces d’histoires anciennes, de caravanes d’or et d’épices, de marchands ayant traversé des mondes avant de poser leurs ballots sur ces pavés.

On se laisse guider par le tumulte discret de la ville. À chaque carrefour, une surprise : le bleu éclatant d’une porte sculptée, la douceur d’un patio caché où résonne encore l’écho d’un luth, le bruissement des étoffes caressées par des mains en quête d’un souvenir. Un chat glisse entre les étals, souverain et indifférent, habitué à ce ballet quotidien où les étrangers et les habitués se confondent. Essaouira semble aussi être la ville des chats... 

Puis viennent les ateliers des menuisiers, où le bois de thuya exhale son parfum chaud et profond. L’odeur s’accroche aux doigts, aux vêtements, aux pensées. Un maître artisan polit la surface d’un coffret, et dans son regard, il y a la patience des générations, le savoir transmis comme un fil invisible, tissé entre passé et présent. Il y a aussi les coopératives de femmes qui vendent l'huile d'argan et ses dérivés, nombreux. Pour nous, c'est Aïcha qui nous initie.

Enfin, la mer. Elle est là, omniprésente, soufflant son chant sauvage et frais entre les murs de la cité. Qu'il est bien plus agréable de se promener dans la médina d'Essaouira que dans celle de Marrakech. 



Le mercredi voit la répétition du mardi avec une promenade sur le port. 

Jeudi matin, le 8 mai, retour à la ferme des parents d'Hamza pour la rencontre entre toutes les familles et les membres les plus proches. Mères, Pères, Beau-père, Belle-mère, Fils, Filles et chiens. C'est l'occasion de tester le traiteur du mariage. Latifa semble avoir besoin d'être rassurée. 

Vendredi 9/5, départ pour le lieu des festivités à O'Atlas, qui commence ce soir entre familles très proches et amis des mariés. Cela se trouve à une heure trente de route en direction de la route d'Ourika. Je connais, c'est la route que j'ai prise pour venir.


70 convives pour cette première soirée dont le thème est « soirée blanche » pour éviter que demain, lors de la cérémonie officielle, quelqu'un se mette en blanc en dehors de la mariée pour plusieurs de ses robes. En fait, je sais assez peu de chose sur le déroulement des festivités, en dehors du fait que Natacha et Hamza ont tout organisé de A à Z. Je sais donc que pour cette première soirée de vendredi, sont réunis pères, mères, belle-mère, beau-père, frère, sœur, les trois témoins et les amis proches. 

C'est pour moi l'occasion de connaître toutes ces personnes proches de ma fille. Ils sont tous incroyablement humains, bons et généreux. C'est un véritable bonheur de prendre le temps de faire leur connaissance. Habituellement, en voyage, je rencontre quelques personnes et cela se compte sur les doigts d'une main. Là, je n'ai clairement pas assez de mains. Peut-être n'aurai-je pas assez de lits à la maison pour les recevoir, car je les ai tous invités à passer chez moi s'il en avait besoin. 

Entrée des mariés pour la cérémonie du henné

Je sais qu'il y a la cérémonie du henné. Cette cérémonie est une étape empreinte de symbolisme et de tradition, marquant la transition vers une nouvelle vie pour la mariée. De ce que j'ai compris, c'est avant tout, un rituel de bénédiction et de protection. Quelques jours avant le mariage, la mariée, entourée des femmes de sa famille et de ses amies proches, participe à cette cérémonie intime. Dans un cadre souvent décoré de lanternes et de tapis somptueux, une hennaya, experte dans l’art d’appliquer le henné, trace de délicates arabesques sur les mains et les pieds de la future épouse. Ces motifs, à la fois esthétiques et chargés de sens, symbolisent la prospérité, la fertilité et la protection contre les mauvaises énergies.

La hennaya est là, installée là où nous dinerons ensuite, sur les tapis et coussins. Les coussins verts symbolisent la douceur et les bougies favorisent le côté lumineux des époux. Normalement, il ne devrait y avoir que des femmes, mais là, nous sommes tous présents. Les mariés viennent de faire leur entrée. Il est 18h30.



Pour chaque femme qui le désire, maintenant que la mariée a ses arabesques de dessinées sur les mains, peut aussi passer entre les mains expertes de l'hennaya. 
A 21h00, le dîner commence. Ce soir, c'est donc couscous accompagné de vins marocains, dans une douce ambiance, bien que la nuit soit un peu fraîche. 


Samedi 10 mai 2025 sera un jour qui restera gravé dans ma mémoire et dans celle de tous les invités, je pense. Ma fille et Hamza ont imaginé, créé et réalisé un truc de dingue pour cette journée. Mais cela, je ne le sais pas encore. A cette heure, ce que je sais se résume ainsi:  
    - Il y a 180 convives ce soir.
    - L'accueil commence à 17h00 et je dois m'en occuper avec Abdelkrim.
    - Je dois amener ma fille à la cérémonie des vœux qu'ils ont imaginée, en dernier, avec sa première robe, en la faisant danser. Ce sera vers 18h45. 
    - Le dîner est construit autour d'un tajine de poulet au citron. 

Voilà les seules informations qui m'ont été communiquées. 

Un groupe de musiciens traditionnels s'installe pour l'accueil des invités à l'heure prévue. Abdelkrim y est avec moi. A chaque arrivée, ils mettent une ambiance de feu en faisant danser tous les gens présents. Nous les dirigeons vers le cocktail de bienvenue. A 18h15, je suis convoqué par ma fille. Elle est prise en charge par maquilleuse, coiffeuse et habilleuses depuis 15h00. Elle n'en peut plus et veut que cela commence, afin qu'elle puisse sortir, enfin. Ca y est, les gens s'installent pour la cérémonie. Le maître de cérémonie, Dani, un type admirable ayant un passeport malien alors qu'il est libanais d'origine et qu'il vit à Lyon, prend la parole. 

Hamza et sa maman, Natacha et moi, attendons qu'ils soient tous en place. Diverses émotions me submergent. Cette fois, ça y est. Je vis totalement l'instant. Les larmes arrivent. Hamza et Latifa, sa maman, font leurs entrées. C'est notre tour, la joie est immense. Natacha a donc sa première robe. 

Cérémonie des vœux de Natacha et Hamza

Cette cérémonie, qu'ils ont donc imaginée tous les deux, submerge d'une émotion vibrante toutes les personnes présentes. Je suis en larme à l'issue, comme tous les proches d'Hamza et Natacha. Que c'est beau, bon et rempli d'amour. Je regarde la maman de Natacha, mon ex-épouse. Elle est comme moi, en larmes. On se sert dans les bras l'un de l'autre. Notre fille est un être surprenant. Je ne la connaissais pas sous cet angle. On l'aime et nous sommes fiers d'elle, sacrément. 

A 19h00, c'est le moment de passer sur le toit pour un concert de blues-touareg et le cocktail apéritif.  Cette musique revisite le blues avec des sons berbères. C'est envoutant et cela maintient une belle ambiance. Je découvre que les hommes marocains aiment à se lancer des défis en dansant l'un avec l'autre. Je danse avec Abdelkrim. Je danse avec mon fils, Gaëtan (danseur de profession) et mon nouveau fils, Hamza. Je les embrasse, fou de joie, à la fin de notre passage. 

Dans le sens horaire - en haut : musicien de l'acceuil, 3ieme robe de la mariée - groupe de blues touareg

A 20h15, nous descendons pour la cérémonie des chaises. Les mariés, en costumes traditionnels, font leurs entrées sur des chaises portées par des hommes, eux aussi en costumes traditionnels, et ils passent parmi les invités. Cette tradition incarne à la fois la joie des célébrations et l'élévation symbolique des mariés au cœur de la fête. Les mariés sont portés sur des chaises ou des amariya (des sièges richement décorés) par leurs proches, en général. Cet acte marque leur entrée triomphale dans la salle de réception, sous les acclamations et les chants de l'assistance. Il s’agit d’un hommage rendu aux époux, une manière de les honorer et de les mettre en lumière en tant que roi et reine de la soirée.

L’élévation des mariés symbolise leur passage à une nouvelle étape de leur vie, leur statut renforcé en tant qu’union bénie par leur famille et la communauté. C’est aussi une manière de signifier que, pour cette nuit mémorable, ils sont portés, au sens propre et figuré, par l’amour et le soutien de ceux qui les entourent. Cette cérémonie festive est profondément imprégnée de valeurs marocaines. Elle célèbre non seulement l’union des époux, mais aussi l’unité et la force des liens familiaux qui les accompagneront dans leur vie à deux.

C'est le moment de la deuxième robe de Natacha. C'est aussi le moment où Hamza a choisi de se vêtir du jabador. 


Ensuite on s'installe pour dîner. En attendant que les plats arrivent, Abdelkrim vient me chercher afin qu’on fasse le tour de toutes les tables. Nous devons renouveler la « Merhaba (la bienvenue) » et nous assurer que tout va bien pour chaque invité. Ainsi, il me présente toute sa famille et celle de Latifa. J’apprends quelques mots d’arabe, du coup. Le mélange des cultures se poursuit sereinement avec toute la bienveillance nécessaire. Cela nous amène doucement à 21h30. Natacha a maintenant sa troisième robe sur elle. 

Après les premières entrées du repas, un groupe de musiciens et de danseurs Gnaoua prennent possession de la scène. Les Gnaoua incarnent l’âme vibrante d’une tradition mystique et musicale profondément enracinée dans l’histoire du Maroc. Issus de la confrérie soufie des Gnaoua, dont les origines remontent aux descendants d’anciens esclaves d’Afrique subsaharienne, ils jouent un rôle essentiel dans les rituels de transe et de guérison.

Ce ne sont pas de simples interprètes. Ils sont des vecteurs d’énergie spirituelle. Lors des cérémonies appelées lilas, où la musique et la danse sont utilisées comme passerelle vers un état de transe, ils réagissent au rythme hypnotique des guembri (instrument à cordes) et aux percussions effervescentes de qraqeb (castagnettes métalliques). Leur danse est à la fois intense et extatique, alternant des mouvements fluides et soudains, comme si chaque geste était dicté par une force invisible. Ceux présents, ce soir, nous invitent à les rejoindre. Chacun se rend sur la piste de danse. Moi, je monte sur le toit terrasse pour m'offrir une vue en hauteur. C'est complètement dingue l'énergie positive qui sort de cette foule. 

Les tables et au fond la scène envahie avec les danseurs Gnaoua

A la suite, les pastillas de viande rouge, viande blanche et poissons sont servies. Puis arrive, le tajine de poulet. Pour être sûr que chacun trouve le morceau de son choix, cinq poulets entiers sont servis par table de 10. Les Gnouas reviennent et ouvrent la scène au dernier spectacle imaginé par nos deux compères. Les cracheurs de feu illuminent la scène de leurs jongleries au rythme d'une musique endiablée. 

Puis ils passent sur les côtés de la piscine et des tables afin de rejoindre Natacha et Hamza. Chaque jongleur donne une torche à nos mariés. Ils remontent vers la scène avec quelques arrêts ou les cracheurs de feu soufflent leurs flammes immenses. Arrivé au bout, Natacha et Hamza enflamment une structure métallique constitué de la lettre N, d'un cœur et de la lettre H. Les cracheurs de feu prennent, à nouveau, possession de la scène et ils illuminent de mille feux éblouissants et illuminants toute la scène. Une véritable dinguerie. 


Je demande à faire servir le champagne en toute discrétion, pour celles et ceux qui le souhaitent évidemment, et la soirée dansante débute. Il est 1h30, dimanche 11 mai, maintenant. Natacha a passé sa 4ieme robe et elle s'est libérée des coiffeuses et autres habilleuses. Elle arbore un grand sourire. Ma fille est tout simplement magnifique et elle rayonne de joie et de bonheur.  

Plus tard, dans la matinée, vers midi grosso modo, un brunch est servi. Tout le monde à le sourire et chacun se prépare tranquillement au départ. 

Pour nous deux, la sortie de ce cocon étrange se fait donc après 48 heures passées dans un autre monde. La circulation « Marrakchienne » nous semble être d'une agressivité dont nous n'avons plus connaissance. 

De notre côté, nous passons encore deux jours à Marrakech en couple. A l'heure de la publication de ce billet, nous sommes le lundi 12 mai. Je termine cet article. 

J'accompagnerai Murielle à l'aéroport, demain matin de bonne heure, mardi 13 mai. Ensuite, je récupère la moto à la ferme avant midi. La route, à moto, reprend et, cette fois, c'est le chemin du retour. 

Sources et crédits de cet article :

La famille d'Hamza et divers articles et extraits de livres trouvés dans les bibliothèques des appartements loués et sur Internet. 

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