Vous vous demandez sûrement ce que je vais vous raconter… Est-ce une partie d’échecs avec une sorcière à la crinière électrisée, rencontrée sur une route où même le GPS perd le nord ? Un affrontement épique entre un mage furax et ma moto ensorcelée, désormais capable de faire le café, le plein, et réciter du Baudelaire ? Hmm… Non. Enfin, peut-être. Suspense. 


En vérité, c’est juste une histoire de béquille latérale. Oui, vous avez bien entendu : une béquille. Ce petit bras métallique qui tient une moto debout et qui, parfois, décide de jouer à cache-cache avec la logique mécanique. Et là, entre en scène notre sorcière, comme dans tout bon scénario BMW GS digne d’un Spielberg sur deux roues.

Les initiés comprendront immédiatement. Les autres ? Restez bien assis, la béquille pourrait avoir des idées de rebellions.  

Autant vous prévenir tout de suite : ici, pas question de jouets, de jeux de société ou de quelconque « entertainment » — même si j’avais l’envie soudaine de surfer sur la vague du « trendy ». Non, le « jeu » dont je parle est bien plus terre-à-terre… et mécanique.

Ma moto, fière destrière sur deux roues, penche désormais plus qu’avant lorsqu’elle repose sur sa béquille latérale. Une inclinaison inquiétante. En déployant ladite béquille, je remarque un jeu de près de 2 cm entre sa position théorique (celle qu’elle devrait loyalement adopter) et sa position extrême (celle qu’elle choisit quand la moto s’appuie dessus avec tout son poids). Et croyez-moi, ça sent le futur souci : perte de stabilité, capteur de béquille désorienté, coupure intempestive du moteur dès que la béquille pointe le bout de son bras. Bref… il est temps de s’en préoccuper.

Direction les abysses du web et les sanctuaires des forums spécialisés. Et là… révélation : ce problème est tout sauf trivial. Mais dans ce dédale numérique, je tombe sur un personnage mystique nommé « Lasorcière », gardien d’un précieux tuto. Problème : son sortilège ne s’applique qu'aux BMW GS d'ancienne génération, celles d’avant le moteur 1250. Pas tout à fait ce que je cherchais, mais assez pour relancer la quête et poser une question sur la toile. 

Le tuto de « Lasorcière » est disponible sur le site (accès direct au tuto, normalement)  CCM & Co l'Asso GSFR. 

Une confirmation, que je peux gérer le problème de la même manière, plus tard, me voilà prêt à opérer. 

J'ai reçu les rondelles spécifiées dans le tuto en quatre tailles : 0,5 mm - 0,3 mm - 0,2 mm  et 0,1 mm. 

J'ai le tuto imprimé et les rondelles à disposition. C'est parti. 
 


J'ai posé une plaque de protection du contacteur de béquille latérale, je la retire. 


Une vis retirée plus tard et la plaque de protection légèrement relevée — en la faisant glisser sur les colliers Rilsan — voilà que le contacteur de béquille latérale se dévoile enfin. Un coup d’œil attentif me suffit pour constater que… ce que j’ai sous les yeux ne ressemble pas aux explications du tuto que j'utilise.

Premier constat : la vis de fixation de la béquille latérale sur ma 1250 est creuse (du moins pour la partie visible devant moi), et elle est orientée à l’inverse de ce qui est indiqué dans le fameux tutoriel. La tête est côté moteur. Par ailleurs : aucun circlips en vue.

Deuxième constat : le contacteur semble être une seule pièce hermétiquement scellée, sans accès interne. J’aperçois cependant l’ergot coulissant, et je repère rapidement l’endroit précis où il devra se loger lors du remontage : le petit trou qui l’attend sagement sur la béquille.



La tête de vis à retirer pour faire « tomber » la béquille latérale se cache sournoisement sous la moto, côté moteur. Il s’agit d’une TORX T45. Mes outils habituels se déclarent incompétents : impossible d’atteindre cette vis avec une clé à cliquet standard. Je dois retirer le sabot moteur pour accéder à cette fameuse tête.

Une fois cela accompli et la vis délogée, je déploie la béquille latérale. À l’aide d’un tire-ressort, je libère les deux ressorts de rappel — non sans une légère grimace et un soupir de satisfaction. La béquille est déposée. 


Je procède au nettoyage minutieux de la béquille, de sa vis de fixation ainsi que de son logement. En scrutant ce dernier, j’aperçois les deux bagues d’origine, réalisées dans un métal qui évoque le cuivre… Sans que j’en sois véritablement convaincu. Leur apparence parle d’elle-même : écrasées, déformées, matées. Le temps et la pression ont manifestement laissé leurs empreintes. Je tente de les extraire, mais elles résistent. Plutôt que de m’acharner inutilement, je laisse tomber.

Le jeu suspect de la béquille latérale semble directement lié à l’état de ces bagues. Les remplacer pourrait résoudre le problème… mais je n’en suis pas certain. Rien n’indique que ce soit la solution miracle. De toutes les manières, ce n'est pas la solution que j'ai choisie. Je retourne à mon grimoire moderne : le tutoriel de « Lasorcière », et je poursuis l’opération.


Je commence par une première tentative avec une rondelle de 0,5 mm. Mais le jeu persiste. J'ajoute alors une seconde rondelle, cette fois de 0,1 mm. L’assemblage est tout sauf évident : réussir à maintenir les rondelles en place tout en les insérant correctement dans le logement de la béquille latérale tient du tour de passe-passe. Mais ça finit par rentrer, grâce à la méthode indiquée dans le tuto. Et miracle : plus de jeu ! Conclusion ? La béquille avait un flottement de 0,6 mm, bien réel.

Selon les sages recommandations de « Lasorcière », je badigeonne généreusement le tout de graisse — après tout, quitte à faire dans le rituel, autant le faire avec abondance. Plusieurs tentatives plus tard, à jongler avec la tête de vis pour aligner rondelles et béquille comme indiqué dans le grimoire (aka le tuto), j’arrive enfin à remonter la vis. La béquille latérale retrouve sa dignité mécanique.


Je replace le contacteur avec soin, en veillant à bien positionner l’ergot de coupure de contact et à caler correctement l’ensemble dans son logement supérieur.

Vient ensuite la plaque de protection, que je remets en place avant de resserrer sa vis de fixation en ayant ajouté un brin de frein filet moyen.

À l’aide du tire-ressort, je réinstalle les deux ressorts de rappel — toujours un petit moment de tension… mécanique.

Puis je replace le sabot moteur, dernier élément à reprendre sa place.

Enfin, je déploie la béquille latérale… et constate avec satisfaction qu’il n’y a plus aucun jeu. Elle est stable, parfaitement fonctionnelle.

Opération terminée, et réussie. Temps total : une heure trente de bricolage minutieux et une belle victoire sur le flou métallique.



Je ne connais pas personnellement le mystérieux personnage derrière le nom de « Lasorcière », mais j’ai lu bon nombre de ses interventions sur le forum dédié aux GS. Jamais croisé sur une route ni lors d’un rassemblement (normal, je n'y vais pas), mais son nom revient souvent — comme une légende qui circule dans les méandres du web. Disons que je l’ai « entendu » autant qu’on peut entendre quelqu’un à travers des pixels et des posts bien sentis. 

Il semblerait qu’il officie du côté de Nîmes… du moins, c’est ce que murmurent les bavards du forum.

Alors, si un jour « Lasorcière » tombe sur ces quelques lignes, qu’il sache une chose : MERCI. Pour le partage, la passion, et les tours de magie mécaniques. 

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