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En haut: Sur la route d'Alban pour la balade patrimoine du Tarn - En bas : lever de soleil sur le pays de la Terre-de-Bancalié |
Pour une balade à moto, je m'arrange pour partir juste à l'aube vers 6h30 et, pour une randonnée, c'est le départ de la randonnée qui se fait à l'aube vers 6h45, quand le jour est là. Dans le premier cas, le réveil se fait vers 5h30 et, dans le deuxième, cela dépend du temps de trajet en voiture jusqu'au départ de la randonnée. En moyenne, c'est un réveil vers 4h45.
Dans les deux cas, le retour doit se faire avant midi. Ainsi, j'évite les chaleurs infernales. En général, vers midi, le thermomètre affiche cette semaine-là, dans les 33 degrés. Cela monte ensuite.
Pour cette première journée, c'est une balade à moto que j'intitule « Balade patrimoine du Tarn ». Pour être de retour avant midi, je raccourcis le parcours imaginé, réservant la version complète pour l’automne ou l’hiver. Le tracé orange sur la carte représente l’itinéraire, et les marqueurs verts indiquent les édifices visités.
Partir au petit matin implique une attention particulière ici. En effet, la forêt est omniprésente dans cette région montagneuse. Le gibier est donc encore en train de vadrouiller, potentiellement. Pour ne pas risquer une confrontation inattendue et percutante, il est préférable d'ouvrir l'œil, que ce soit à moto ou en voiture, ainsi qu'à pied, d'ailleurs, mais pas pour les mêmes raisons.
La première destination est le château de Paulin.
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Le Tarn : Les monts d'Alban près de Paulinet |
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Aperçu du château de Paulin |
Dominant les gorges sauvages du ruisseau de l’Oulas, le château de Paulin apparaît comme le gardien silencieux d’une histoire millénaire. Situé dans la commune de Paulinet, au cœur du Tarn, cet édifice fortifié est bien plus qu’un simple vestige médiéval. Il est le témoin sculpté dans le schiste d’un passé tumultueux, glorieux et profondément enraciné dans le sol occitan. On ne le voit pas beaucoup (le château), car à ce jour, c'est un domaine privé.
Pourtant, les premières traces écrites du château remontent au Xe siècle, faisant de Paulin l’un des plus anciens châteaux du Languedoc. À l’origine simple castrum, il devient au fil des siècles une seigneurie influente, notamment sous les vicomtes de Lautrec, avant d’être occupé par les routiers anglais en 1331, durant la guerre de Cent Ans. Ces derniers ne quittèrent les lieux qu’en 1384, contre rançon. Durant les guerres de religion, le château appartient à la famille de Rabastens, dont Bertrand de Rabastens fut un chef protestant de renom dans le Haut-Languedoc. Bien que le château ait perdu ses fonctions militaires au fil du temps, il conserve des traces de son passé guerrier, canonnières, remparts arasés, et une majestueuse cheminée gothique qui orne encore l’un des étages (d'après la littérature existante).
Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1986, le château de Paulin a été restauré à partir des années 1970, échappant ainsi à la ruine. Il demeure aujourd’hui une propriété privée, mais son aura continue de rayonner sur la commune de Paulinet, dont il est le cœur historique et symbolique.
S'ensuit Massals et sa chapelle.
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Massals |
Blotti dans les hauteurs du Ségala tarnais, à plus de 700 mètres d’altitude, le village de Massals est une respiration paisible entre ciel et terre. Avec ses 113 habitants, cette commune rurale incarne l’âme profonde du Tarn, discrète, enracinée et fière de ses traditions. Ici, les vallées étroites et les plateaux ondulants dessinent un paysage austère et sublime, où l’histoire se lit dans les pierres et les silences.
Au cœur du village se dresse la chapelle Notre-Dame, ancien petit séminaire devenu emblème spirituel et culturel de Massals. Construite dans un style sobre et authentique, elle témoigne de la ferveur religieuse qui animait autrefois les campagnes occitanes. Restaurée en 2015, la chapelle a retrouvé sa splendeur tout en se métamorphosant. Elle est aujourd’hui une salle de spectacle prisée, réputée pour son acoustique remarquable et son atmosphère majestueuse. Lieu de concerts et d’expositions, elle incarne une renaissance du patrimoine rural, où la pierre sacrée devient scène vivante.
Ouverte à la demande, il est malheureusement trop tôt aujourd'hui pour que je puisse y accéder.
La suite se passe à l'église de l'Assomption à Alban.
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Eglise d'Alban |
Dans le village d’Alban, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption attend les fidèles, sagement, au cœur du village. De l’extérieur, elle semble modeste, presque effacée et « trop moderne » dans le paysage. Mais franchir son seuil, c’est entrer dans un monde où l’art sacré dialogue avec l’âme des vivants. L’église actuelle, reconstruite au XIXe siècle, a été profondément transformée au XXe siècle par l’œuvre magistrale de Nicolaï Greschny, peintre estonien installé près d’Albi.
Entre 1938 et 1967, il y déploie un univers néo-byzantin foisonnant : fresques monumentales, voûtes célestes, visages familiers. Car ici, les saints ont les traits des villageois. Les enfants de chœur, les anciens, les figures locales deviennent les modèles du sacré. L’autel en bois doré, ciselé avec une finesse presque baroque, s’illumine sous le regard du Christ en majesté, peint en toile de fond.
La route circule au creux des méandres du Rance, là où les monts du Tarn effleurent les confins de l’Aveyron. C'est là que je rencontre le village de Plaisance. Au début, je ne vois que la majestueuse église qui se dresse au milieu de la forêt. Elle attire mon œil de loin.
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Eglise de Plaisance |
Quand j'y arrive, le village apparaît comme une strophe oubliée d’un poème occitan. Ce hameau paisible, aux maisons de pierres et aux ruelles sinueuses, semble suspendu entre deux mondes : celui du silence rural et celui des légendes qui murmurent encore sous les rochers. Cette commune est reliée par un pont de pierre au village de Curvalle, son voisin et son reflet. Ensemble, ils forment une entité bicéphale, un duo de villages séparés par la rivière mais unis par l’histoire. Le Rance, qui serpente au pied du promontoire, fut jadis voie de commerce, de pêche et de récits populaires. Aujourd’hui, il est le miroir tranquille d’un territoire préservé, où la nature et le patrimoine se répondent.
Dominant le village depuis son éperon rocheux, l’église romane Saint-Martin est l’âme de Plaisance. Construite au XIIᵉ siècle, elle est un exemple remarquable du style roman méridional, avec un chœur et un transept robustes, tandis que sa nef gothique, ajoutée plus tard, élève l’édifice vers la lumière. Son clocher octogonal, visible de loin, veille sur la vallée comme une sentinelle immobile. C'est lui que je voyais depuis la route m'amenant ici.
La prochaine étape est le château de Coupiac.
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Château de Coupiac |
Dans le sud du département du Tarn, blotti entre les vallons verdoyants du Parc naturel régional des Grands Causses, le village de Coupiac s’étire paisiblement autour de son imposant château médiéval. Ici, le temps semble s’être arrêté, ou du moins ralentir, pour laisser place à la contemplation, à la mémoire, et à la beauté brute des pierres anciennes.
Coupiac est un village typique du Haut-Rouergue, à mi-chemin entre Saint-Affrique et Albi. Ses ruelles étroites, ses maisons de grès rouge et ses toits d’ardoise lui confèrent une allure rustique et chaleureuse. Coupiac est aussi un lieu de pèlerinage. Sa chapelle, décorée par le peintre Nicolas Greschny (le même que les fresques rencontrées à Alban), abrite une relique du voile de la Vierge, réputée pour guérir les maladies des yeux... Mince alors! En relisant ce que j'écris, je m'aperçois que j'aurais dû m'y arrêter... Peut-être!
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Château de Coupiac |
Dominant la place du village, le château de Coupiac est un joyau du gothique méridional, construit au XVe siècle. Ancienne possession des comtes de Rodez et de Toulouse, il se distingue par ses trois tours rondes, ses mâchicoulis, ses fenêtres à meneaux et sa cour intérieure bordée de galeries. L’édifice, remarquablement conservé, offre une plongée immersive dans la vie seigneuriale du Moyen Âge.
Le temps d'un café sur la place en contrebas, je prends le temps de l'admirer sous toutes ses coutures.
La prochaine étape se gagne par le passage de nombreux virages parcourant la vallée du Tarn en altitude ou au bord du fleuve, lui-même. C'est le village de Gaycre.
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Gaycre |
Perché sur un promontoire rocheux dominant les méandres de la rivière Tarn, le hameau de Gaycre, aujourd’hui rattaché à la commune de Cadix, est un joyau discret du sud tarnais. Ce village médiéval, surnommé avec tendresse « le petit Mont Saint-Michel du Tarn », offre aux visiteurs une immersion dans un passé où la pierre, la foi et la nature se mêlaient en harmonie.
Le nom de Gaycre puise ses origines dans l’Ibère Garritz, devenu Garric en occitan, signifiant « chêne » — arbre sacré et emblème du village. Ce lien avec la nature profonde du territoire se retrouve dans les paysages environnants : bois de buis, vallons verdoyants, ripisylves bordant la rivière, et sentiers serpentant entre cazelles, croix de pierre et lavoirs anciens. C'est vrai que l'ambiance qui se dégage ici est douce et merveilleuse, presque féérique.
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Vallée du Tarn |
J'aperçois des panneaux indicateurs d'une randonnée… C'est le sentier de Gaycre par les rivages, accessible depuis Trébas. Il s'agit d'une boucle de randonnée de 9,4 km qui permet de découvrir le hameau dans toute sa splendeur. En chemin, la promesse est de passer des ponts anciens, de longer la rivière Tarn, de grimper vers le promontoire et de découvrir un panorama saisissant sur la vallée... Je viendrai la faire cet automne.
Il est temps de rentrer, si je ne veux pas que mon carrosse se transforme... C'est là que la boucle prévue est tronquée pour tenir dans l'horaire ajusté pour aujourd'hui.
La deuxième matinée m'offre l'opportunité de réaliser la randonnée du Chevreuil à Paulinet (plus d'infos dans les sources et crédits, en bas de page).
Tracé de la randonnée :
En voici le profil altimétrique :
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en haut : potager digne de gagner le trophée du plus beau - à gauche : Saint-Jean-de-Jeanne - à droite : trouée abritée du soleil heureusement |
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Lever de soleil sur le département du Tarn - Arrivée dans l'Aveyron |
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Salelles sur la route des vignes |
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Le viaduc de Millau depuis le promontoir de Luzençon |
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Depuis Luzençon |
Arrivé à Cressels, je me gare et part à pied. Je ne fais pas la balade en boucle qui dure 1h30, mais juste l'aller retour à la cascade.
Tracé de l'accès à la cascade :
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Cascade de Cressels |
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Cascade de Creissels générant un arc-en-ciel |
Je consacre la dernière matinée, de ce grand week-end, à la randonnée intitulée « le sentier du Berlou » (plus d'infos dans les sources et crédits, en bas de page).
Tracé de la randonnée :
En voici le profil altimétrique :
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Lever de soleil sur le pont de Vabre au dessus du Gijou |
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Arrivée au sommet avec vue sur la magnifique forêt de Montagnol |
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vue sur les Monts de Lacaune |
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Le village de Vabre |
Comme indiqué au début, que ce soit à moto, en voiture ou à pied, j'ai croisé des chevreuils, des renards, des lapins, des lièvres, des biches, des sangliers et pour ma première fois, je pense avoir vu une loutre à proximité du Berlou.
Toutes les balades à moto sont des adaptations en longueur de balades plus longues. Je les ferai à l'automne ou cet hiver dans leurs versions complètes. C'est le cinquième jour de cette infernale canicule. J'ai beau avoir des murs de 80 cm qui me gardait au frais. Le soleil commence à avoir bien réchauffé la maison et j'ai, maintenant du mal, à faire redescendre la température intérieure en dessous de 25 degrés lorsque 15h00 est passé.
Sources et crédits de cet article :
Site de la commune de Paulinet : l'histoire du château de Paulin
Site de la vallée du Tarn et des monts de l'albigeois décrivant une partie des édifices décrits dans ce billet.
Site de l'office de tourisme du Tarn, page musées et sites.
Site du département du Tarn : le sentier du chevreuil à Paulinet.
Site du département du Tarn : le sentier du Berlou.

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