Il y a des jours où l'on a besoin de fuir la ville, le bruit, la foule, et de se retrouver face à la nature, à soi-même, à l'essentiel. C'est ce que j'ai ressenti ce matin d'hiver, durant un court séjour dans ma maison de campagne à Bouyrols, en rejoignant Boissezon, un petit village du Tarn niché au pied de la Montagne Noire.


Là, m'attend « Le Rampaillou », un circuit de randonnée de 23 kilomètres dont la promesse est de me faire découvrir la diversité de la faune et de la flore du lieu. Pas sûr que la flore soit bien représentée en ce matin de fin janvier, mais tout de même! C'est parti. 

Plan de situation: 


L'itinéraire de la randonnée est celui-là :



Comme l'indique la fiche trouvée sur Internet, ici, je me gare sur la place du village, où trône une fontaine en pierre. Je trouve un panneau indiquant le départ du sentier en traversant la route principale. Pour autant, à l'inverse de la fiche trouvée sur Internet, je fais le parcours en sens inverse. En effet, après avoir étudié le profil de dénivelé, il me semble préférable de monter de six cents et quelques mètres sur une longueur de 6 kilomètres plutôt que de grimper de la même hauteur sur une longueur de 15 kilomètres. Les quelques heures à venir me diront si j'avais raison de faire ce choix... Je vais donc suivre les panneaux indiquant la randonnée, mais en sens inverse.
 
A noter que la fiche disponible sur Cirkwi, ici, propose la randonnée selon mon choix.
 
Boissezon

Dès les premiers pas, je suis saisi par la rudesse du paysage qui se conjugue parfaitement avec la rudesse du nom du parcours. « Le Rampaillou », cela sonne comme un surnom donné à un paysan têtu et courageux, un de ceux qui n'a pas peur de se frotter aux éléments et aux esprits urbains de notre temps... Cela annonce aussi une certaine difficulté, avec un dénivelé de 683 mètres et une durée estimée à six heures et demie de marche. Mais qu'importe, je suis venu pour me dépasser, pour me sentir vivant...

Boissezon

Le sentier monte progressivement à travers les champs et les bois, offrant des vues panoramiques sur la plaine. Je respire à pleins poumons l'air pur et frais, je sens le soleil d'hiver caresser ma peau, je guette le chant des oiseaux, le frémissement des herbes folles et des feuilles mortes jonchant le sol, le murmure des ruisseaux pouvant se transformer en son rauque, puissant et fort avec les eaux d'hiver. Je me sens en harmonie avec la nature, loin, très loin du tumulte du monde. 
 

 
J'ai démarré cette randonnée par une température de 4 petits degrés en étant habillé d'une polaire au-dessus d'un pull en coton. Mes mains sont gantées et je porte mon habituel chapeau de cuir acheté en Namibie en 2004 (voir ici). Celui que j'avais perdu dans cet autobus me conduisant de Tehéran à Kashan en 2019 (voir ici).  
 
D'un coup, je pense à Sylvain Tesson, l'écrivain voyageur qui a fait de la marche une philosophie, une quête de sens, une école de liberté. Il a écrit quelque chose du genre : « La marche est une ascèse qui permet de s'éprouver soi-même, de se mesurer à l'espace et au temps, de faire l'expérience de sa finitude et de sa transcendance ». Je ne sais plus trop dans lequel de ses livres, j'ai lu cela... Toujours est-il que je partage son point de vue. Je me laisse porter par ses mots, qui résonnent en moi comme un écho.
 


Le Rampaillou traverse des hameaux, des forêts et des prés. Rien d'extraordinaire en cette saison. Comme je l'indiquais au début de cet article, la flore est en sommeil en ce 27 janvier 2024. J'aperçois, toutefois, quelques cervidés et autres grandes oreilles qui détalent au son de mes godillots butant sur les rochers affleurants. 
 
Depuis quelques minutes, j'ai l'impression de reconnaitre le sentier... Mais oui! Bien sûr! Je suis sur le sentier des « Hauts de la Môle » fait à l'automne dernier (voir ici). J'arrive au bord de l'étang du « Pas-des-Bêtes » vers midi trente. Le soleil est radieux. J'ai quitté mes gants et la polaire depuis un bon moment déjà. J'ai faim. Je décide de faire ma pause-déjeuner en ce lieu apaisant, ensoleillé et beau.

 
 

La dernière partie du parcours se passe, heureusement, en descente et dans une forêt épaisse à flanc de montagne. Les résineux et les feuillus dépouillés, en cette saison, m'entourent. J'en suis fort-aise et trouve que mon choix de sens de parcours était judicieux. Je me sens comme un explorateur, un aventurier, un petit Robinson. Cette randonnée m'ouvre les sens. Je me souviens d'un autre livre de Sylvain Tesson, « Dans les forêts de Sibérie », où il raconte son séjour de six mois dans une cabane au bord du lac Baïkal. Il y décrit la beauté et la rudesse de la nature, la solitude et le silence, le bonheur et la sagesse. Il y écrit : « La forêt est un royaume où chacun trouve ce qu'il cherche. Les uns y voient la vie, les autres la mort, les troisièmes l'harmonie, les quatrièmes le chaos ». 
 
Je me demande ce que je cherche, moi, dans cette forêt. Peut-être un peu de tout cela. J'ai une certitude toutefois. Ici, je me sens bien! 

J'ai retrouvé la maison des « Ingalls »


Je termine cette randonnée en revenant à Boissezon, où je retrouve la civilisation, les véhicules, les bruits et les gens. Je suis fatigué, mais heureux. J'ai le sentiment d'avoir vécu une expérience enrichissante. J'ai marché sur le Rampaillou. 
 
C'est un peu long, certes! Je me dis que l'esprit de l'écrivain Sylvain Tesson m'a accompagné tout au long de ce parcours, et que ses livres continueront à m'inspirer. Je me dis que la marche est plus qu'un sport, plus qu'un loisir, plus qu'un voyage. C'est une façon d'être au monde, de le regarder, de le comprendre, de l'aimer.

Retour à Boissezon
 

Sources et crédits de cet article : 

Fiche Cirkwi : Randonnée du Rampaillou
Livre « Dans les forêts de Sibérie » et autres écrits de Sylvain Tesson. 

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