Et voilà! Le boulot ici, c'est fini. Nous sommes le 30/11 au soir. Je dîne, une nouvelle fois, au « Favela » (le restaurant) pour mon dernier repas à Fort-de-France. Guillaume est reparti. Demain, ce sont les vacances, pour une semaine. 

Le sud de Madiana - vue sur la baie de Sainte Anne, des Salines et de toute cette partie sud

Une semaine consacrée à du repos et à la découverte du sud de la Martinique. J'espère aussi me remettre de mes problèmes de santé et retrouver une audition normale. 

La carte des itinéraires : 


Et oui, depuis samedi dernier et la visite du jardin de Balata (voir ici le premier épisode de ce voyage), j'ai perdu l'audition à droite. Cela n'est aucunement lié au jardin et à ses fleurs ou autres arbres tropicaux, mais plutôt au vol en avion, au choc thermique et aux climatiseurs. Les « seringueurs » et autres disciples d'Esculape, dont la Martinique est aussi une terre d'aventure d'ailleurs, veulent me faire croire que cela peut aussi être lié aux baignades. Je suis sceptique... Bref, je suis malade d'une oreille et de la sphère ORL, en général, et cela a bien du mal à se terminer... 

Durant ces derniers jours, j'ai tenté, vainement, de rencontrer un de ces spécialistes installé sur l'île. Quelle gageure! Les problèmes connus en métropole sont multipliés par dix, ici. De fait, une des personnes rencontrées sur mon lieu de travail m'a dit:  
« Ici, pour quelque chose qui compte une heure, compte une journée! Si cela compte un jour, compte une semaine, et pour une semaine, compte un mois... »

Bref, aucun rendez-vous ORL n'est disponible avant juin 2025. Je me suis donc rabattu, après plusieurs essais non transformés dans un même hôpital sur plusieurs jours, sur un carabin classique. Elle, puisqu'il s'agit d'une dame, m'a diagnostiqué une otite. Ma première en presque 60 ans. Je viens de passer une semaine sourd du côté droit. Après quelques jours de traitement antibiotique, je n'ai plus mal, mais je n'entends toujours rien. Je démarre donc mes vacances antillaises dans cet état, un peu délabré. 

A 8:00, tapante, je suis prêt. La valise est chargée pour ma transhumance. Je pars, d'abord, tout au nord afin d'aller à Grand-Rivière. Oui ! Le petit village accessible uniquement par le chemin de randonnée quand j'étais à l'Anse Couleuvre, le week-end dernier (même lien que ci-dessus pour l'épisode 1). Je l'avais précisé... Rappelez-vous! Mon parcours est le tracé bleu sur la carte des itinéraires, juste ci-dessus. Ce matin, le ciel est couvert et la pluie est de la partie. L'ambiance est très humide. J'adapte mon allure et mes prises de virages dans la route de montagne. Celle-là même prise précédemment et que je vais découvrir, complètement, après le village de Morne-Rouge. 

C'est glissant et pentu, mais superbe. Après Ajoupa-Bouillon, je reste subjugué par les magnifiques plantations de bananes. Plus j'avance dans le nord, plus la végétation devient dense et plus la route rétrécit. Un peu comme au prêcheur la semaine dernière, tout en étant un peu différent. L'humidité, la pluie, le ciel changent toutes mes perceptions et mes sensations. Je trouve cette route et ces lieux extraordinaires. 

Grand-Rivière 

Grand-Rivière, je finis par y arriver. La forêt me semble incroyable, presque prête à me manger. Les lianes qui pendent et la végétation luxuriante y sont pour beaucoup dans cette sensation très inhabituelle. Après le passage de deux ponts métalliques, le village pittoresque se montre. Dès les premiers instants, une certaine magie se dégage. Une suite forcément rythmée par mon ressenti précédent, lorsque j'étais sur la route. C'est indéniablement un havre de paix où la nature déploie toute sa magnificence. Je ne sais si c'est un petit coin de paradis, comme le dit la chanson... Mais, en cet instant, je vibre par ce que je vois et ce que je ressens. J'attends dans la voiture. Ben oui! Une averse tropicale est en cours...  Enfin, je sors et me prends, en plein nez, les odeurs de la végétation humide. Le lieu, entouré par la mer des Caraïbes d'un côté et les montagnes verdoyantes de l'autre, est un lieu où le temps semble s'arrêter, offrant une échappée belle hors du tumulte du quotidien.

Le clapotis des vagues contre les rochers se mêle au chant des oiseaux, créant une symphonie naturelle qui berce les âmes en quête de sérénité. Tiens, il y a même des pélicans. C'est le premier que je vois juste à quelques mètres de moi. Les ruelles pavées, bordées de maisons créoles colorées et de jardins fleuris, invitent à la flânerie et à la contemplation. Bien que le petit matin soit passé, le village est désert. Il y a bien quelques âmes à l'abri des carbets, en raison de la pluie tombant par intermittence. 

Grand-rivière (en haut) et distillerie JM (en bas)

Je repars et m'arrête, peu après, près de Macouba. En effet, plusieurs de mes collègues m'ont dit de visiter la distillerie JM qui se trouve ici. Le lieu est effectivement magnifique. La célèbre visite est une partie remise, car ils sont en travaux. Seul le point de vente est ouvert. Je prends un rhum vieux de 2014. 
Ensuite, je descends doucement vers le sud, toujours par le tracé bleu de la carte des itinéraires ci-dessus. Après Trinité et la presqu'île de la Caravelle, je découvre. Au village Le-Robert, je m'échappe de la route nationale afin de trouver un endroit où prendre un café. Je descends jusqu'au bord de l'océan. Ici il n'y a pas de plages touristiques, pas d'hôtels de luxe et pas de restaurants à profusion. C'est, visiblement, un village de pêcheurs. Je m'arrête au premier bistrot trouvé. 

Plantation de bananes dans le nord - Bistrot au village Le-Robert

J'ai l'impression (sans certitude aucune, mais je l'exprime comme je le ressens) que les bistrots fréquentés par les Antillais, de souches (là où il n'y a quasiment pas de touristes), sont des bars PMU construits en tôle ondulée et avec les moyens trouvés. Le PMU subventionne t'il ? Pas les murs en tout cas. Il y a quelques personnes qui prennent des paris. Ils ont les yeux rivés sur une télé antédiluvienne qui donne le résultat des courses, de je ne sais pas où. Il est 11:30, en observant la carte, je décide de me rendre du côté de Pointe-La-Rose afin de trouver un bel endroit et m'arrêter déjeuner. 

C'est totalement paumé. La route existe encore, mais c'est à se demander - L'année prochaine ? Sera-t-elle encore là ?  Je prends des impasses, je jardine, fais des demi-tours... Finalement, j'y trouve un seul restaurant ouvert en cette saison. La terrasse est belle et la vue superbe. Le repas est plutôt quelconque, mais l'essentiel est que je sois au frais de la brise de mer.

Vue sur l'îlet Madame

Pointe-la-Rose et la presqu'île de la Caravelle depuis la terrasse du restaurant

Après le repas, je me rends sur mon lieu de séjour pour la semaine à venir, à Sainte-Anne. L'hôtel choisi m'a été conseillé. C'est un lieu simple et plutôt fréquenté par des locaux : La Dunette (voir les Coins du Babaz). 

Passé le Vauclin, je découvre la baie du cul-de-sac du Marin et de l'Anse Caritan. Que dire ? C'est très différent de Fort-de-France. J'ai comme l'impression que je vais être bien ici. 

Sainte-Anne

Dimanche 1er décembre, hier fin après-midi et en soirée, j'ai aperçu Sainte-Anne. L'endroit me plaît! La soirée à « La Dunette » fut rythmée par un groupe de zouk. Le premier, depuis que je suis ici. Cela m'a fait du bien de bouger. Sainte-Anne, perle du sud de la Martinique, semble un lieu où la nature océanique semble avoir déposé ses plus beaux trésors. Ce village est enchanteur. Il est bordé par les eaux cristallines de l'océan Atlantique et les plages de sable blanc. Tout est une invitation au rêve et à l'évasion, selon les cartes postales.

Je pars pour une randonnée dans la savane des pétrifications où je me fais stopper par la montée des eaux due aux pluies incessantes de ces dernières semaines. Je ne peux rejoindre le pont passant au-dessus de la rivière, dans la mangrove... Il y aurait bien des solutions, mais étant seul alentour, je préfère m'abstenir. Qu'à cela ne tienne, tel un Winston Churchil, je change d'avis, reviens sur mes pas et découvre l'étang des salines et la plage éponyme. C'est sans doute cette plage des Salines qui incarne le mieux la beauté sauvage de Sainte-Anne. Étendue sur des kilomètres, cette plage est un véritable écrin de sable fin, ourlé par une mer d'un bleu intense. Les Salines, avec ses dunes immaculées et ses eaux chaudes, est l'image même du paradis tropical. Et puis, pour l'heure, c'est le seul endroit où je trouve à louer un transat. Par ailleurs, de nombreuses paillottes sont présentes. Je sens que ce lieu va devenir mon spot de prédilection pour le repos du guerrier.

Départ sentier de la savane des pétrifications - L'Anse à Prunes près de Sainte-Anne

La plage des salines - La savane des pétrifications 

Sur le trajet retour, je m'arrête afin de boire de l'eau et m'assied sur une table de pique-nique. Un autochtone arrive et me demande si je reste là, longtemps. Ma réponse le rassure, il pose une toile-cirée afin de réserver la table pour le déjeuner avec sa famille. Du coup, nous engageons mutuellement la conversation. Je lui conte ma petite déconvenue devant la montée des eaux, et mon renoncement, dû au fait que mon pas n'est plus aussi alerte et que je ne me voyais pas tenter de passer par les pierres affleurantes à la surface de la rivière. Il est, a priori, plus âgé que moi et m'indique être guide pour la région. Il m'explique avec moult détails comment passer en retirant les chaussures et à quel endroit il faut franchir la rivière. Bref, s'il avait été là, je serais passé. Cette randonnée est sans aucun doute partie remise dans la semaine. 

La plage de Grande-terre - L'étang des Salines 

J'avais choisi cette balade pour sa durée raisonnable et sa compatibilité avec le fait que je puisse me rafraichir en me baignant, tout en sachant que j'ai un rendez-vous pour le déjeuner, au port du Marin. Une langouste m'y attend en compagnie d'un des collègues croisés la semaine passée. Celui-ci m'a proposé de le retrouver dans un restaurant tenu par une de ses connaissances bretonnes. Bref, tout cela est savamment calculé. 

A l'heure dite, évidemment, je suis au port du Marin devant la « Madininia Breizh ». Les langoustes fraîches nous y attendent. Il n'y a plus qu'à les choisir. La serveuse pose la bouteille de Rhum pour le Ti-Punch d'attente. C'est à cet instant qu'il est prudent de faire attention... Et ne pas abuser de la présence de cet ensemble de bouteilles. Cela n'a pas été si fréquent durant mon séjour pour le souligner, mais l'addition indiquait un Ti-punch par personne, que nous en ayons pris un ou dix.

Le port du Marin 

En milieu d'après-midi, je retrouve la plage des Salines (et un transat) pour la sieste et le rafraîchissement par la baignade. En effet, la température moyenne ici est de 30 degrés. Le fond de l'air est plutôt chaud, donc. Moins qu'à Fort-de-France, puisqu'il y a un air marin qui circule plutôt bien. L'eau est aussi plus fraîche que ce que j'ai connu pour l'instant. Il y a donc une opportunité à se tenir au frais en étant à la plage, sous les palmiers, et en prenant des bains de temps en temps. D'où le transat, la plage des salines et tout ce qui va avec. 

Lundi 2 décembre, je démarre par une courte randonnée tout en ayant un dénivelé certain : Le piton Crève-Cœur, puis ce sera la découverte  « du Diamant » et la pointe éponyme ainsi que la petite Anse d'Arlet, dont on m'a tant parlé. Je me rends au lieu de départ de la marche. C'est le tracé de couleur rouge sur la carte des itinéraires.

La carte de la randonnée est celle-ci : 


Le profil altimétrique de la balade est celui-là : 
Le sentier bien balisé, mais exigeant, serpente à travers une végétation luxuriante et s'élève progressivement et surement vers le sommet. Les panoramas à couper le souffle sont pour la fin de la balade. Dès les premiers pas, je suis, tout de même, enveloppé par le parfum enivrant des fleurs tropicales et le chant des oiseaux qui semblent guider les randonneurs le long du chemin. Les fougères géantes et les arbres majestueux offrent une ombre bienvenue, créant une atmosphère paisible et presque rafraîchissante. « Presque », parce que le dénivelé est important et que la pente est dure (pour moi). À mesure que je grimpe, la vue se dégage par endroit. Par ailleurs, le sentier est quasiment une rivière de boue. La prudence est de rigueur. 

Arrivé au sommet du Piton Crève-Cœur, l'effort se trouve largement récompensé. La vue panoramique sur la côte sud de la Martinique est tout simplement spectaculaire. L'océan s'étend à perte de vue, ses eaux scintillantes paraissant se fondre avec l'horizon. En contrebas, les plages de sable blanc bordées de cocotiers contrastent avec le vert intense de la végétation, créant une mosaïque de couleurs qui me laisse en admiration.
Le piton Crève-Coeur

La montée est rude, il faut bien le dire. La descente également, en raison de la boue et de l'eau omniprésente. Je redouble de prudence. Je suis d'ailleurs rassuré par la présence d'autres randonneurs, signe sans aucun doute, de mon âge qui avance et qu'on appelle, le crois-je, la maturité...  De là, je pars vers le « Diamant ». La route file à travers des paysages variés. Les champs de canne à sucre ondulent sous le vent, rappelant l'histoire agricole de l'île, tandis que les fleurs tropicales apportent une explosion de couleurs aux bords de la route. À chaque tournant, les palmiers se dressent comme des sentinelles silencieuses, veillant sur les voyageurs. Je suis, d'ailleurs, étonné de voir si peu d'arbres du voyageur sur l'île. Je n'en ai croisé qu'un ou deux depuis mon arrivée. 

Bientôt, la majesté du rocher du Diamant se profile à l'horizon. Ce monolithe émergeant des flots, icône de la Martinique s'il en est, marque le paysage par son imposante silhouette dominant les alentours. En arrivant au Diamant, mon regard est captivé par la force de l'océan et les vagues, puissantes, de la mer des Caraïbes qui viennent s'écraser dans des flots tumultueux sur les rochers. Aucune plage ici! Ou alors juste une bande de sable de deux mètres. Je suis surpris.  Le petit village du Diamant, avec ses maisons créoles et son église pittoresque, respire une atmosphère tranquille et accueillante, malgré le tumulte des eaux salées.


Le Diamant

Continuant vers l'ouest, la route se faufile à travers des forêts denses et des collines verdoyantes. La végétation luxuriante semble engloutir la route, offrant une ombre bienfaisante dont la sérénité est absente. En effet, la route est difficile, pentue et dangereuse. En approchant de la petite anse d'Arlet, les virages en lacets dévoilent progressivement des vues spectaculaires sur la mer, où le bleu intense de l'eau contraste magnifiquement avec le vert des collines.

La petite anse d'Arlet est un bijou caché, une crique tranquille où le temps semble ralentir. Ses eaux calmes et cristallines invitent à la baignade et à la plongée, révélant des fonds marins riches et colorés (pas pour moi pour le moment, malheureusement). Le village, avec ses cases traditionnelles et son église au bord de l'eau, dégage un charme intemporel. Ici, les pêcheurs tirent leurs filets au petit matin, et les visiteurs doivent pouvoir se laisser bercer par la douceur de vivre martiniquaise. Je m'y essaye quelques heures sur la plage. Je déjeune dans le Balarou de Chez Suzanne de délicieux Lambis grillés (voir la carte des Coins du Babaz). 


La petite Anse d'Arlet

Ici, lorsque le serveur te dit « Monsieur, mettez-vous là, il va pleuvoir »! Ben tu exécutes sans discuter... Une averse tropicale arrive une dizaine de minutes plus tard. Je regarde tous les gens se précipiter aux abris existants... D'un coup, je ne suis plus seul, mais très largement entouré. Après le déjeuner et la route du retour, je retrouve mon spot et mon transat à la plage des Salines. La soirée est un lundi tranquille. 

Le lendemain, mardi 3 décembre, j'ai la contrainte de mon rendez-vous médical à Fort-de-France. Je dois y être à 14:30. J'ai pris ma décision hier soir en préparant la journée d'aujourd'hui. Je continue la découverte de l'île en voiture (pour la dernière fois, sans doute) en allant jusqu'à l'Anse d'Arlet, la grande, cette fois. La circulation est toujours aussi compliquée sur cette île. 

Anse d'Arlet

Bon, c'est joli, certes... Mais tout de même, je ne suis pas emporté. Pourquoi en font-ils tout un plat ? J'ai vu des endroits en Grèce, à Madagascar ou au Montenegro bien plus jolis et exhalant des émotions déconcertantes. Je poursuis ma découverte en remontant jusqu'au village des Trois-Ilets. Juste avant d'y arriver, je m'arrête à l'Anse à l'âne afin de me mettre, un peu au frais et au vent. Très vite, en marchant sur la plage, je me rends compte que c'est l'endroit que je voyais depuis mon hôtel de Fort-de-France. J'aperçois la pointe Simon au loin, sur la terre en face, ainsi que le building en verre brillant et un paquebot encore à poste. Je joue un timing serré. Je déjeune avant mon rendez-vous à Fort-de-France, par prudence horaire. En effet, l'état de la route est incertain. Je dois jouer avec l'incertitude du temps qui coule en Martinique... 

Anse à l'âne avec en face la pointe Simon à Fort-de-France

Je m'arrête tout de même aux Trois-Îlets pour voir ce qu'il en est. Les Trois-Îlets, niché sur la côte ouest de la Martinique, est un village qui allie harmonieusement histoire, culture et beauté naturelle en y ajoutant le reflet de l'âme créole, avec ses maisons colorées. J'y découvre aussi l'église Notre-Dame-de-la-Bonne-Délivrance qui se dresse avec majesté, comme une sentinelle silencieuse veillant sur la communauté depuis des siècles. Construite en 1724, elle est un témoin de l'histoire et des traditions religieuses de la Martinique. Son architecture créole, avec ses toits en tuiles et ses murs blancs, contraste délicatement avec le bleu azur du ciel et le vert des jardins environnants. 

Les Trois-Îlets est également célèbre pour sa riche histoire, notamment en tant que lieu de naissance de l'impératrice Joséphine, épouse de Napoléon Bonaparte. Le musée de la Pagerie, situé dans l'ancienne plantation de canne à sucre de la famille de Joséphine, offre un voyage fascinant à travers le temps, dévoilant les secrets et les intrigues de la vie coloniale. Autour du village, la nature dévoile ses trésors avec générosité. 

Les Trois-Îlets

Entrée du port et vue sur les 3 ilets du village des Trois-Îlets

Ce village doit son nom aux trois petites îles qui se trouvent au large de ses côtes - l'île aux Ramiers, l'île Thierry et l'île Charles - est un témoignage vivant du passé de la Martinique. Les Trois-Îlets furent fondés au 17ème siècle, à une époque où la Martinique était un centre de la colonisation française dans les Caraïbes. Le territoire, avec ses terres fertiles et sa proximité à la baie de Fort-de-France, fut rapidement convoité pour l'agriculture, notamment la culture de la canne à sucre, qui devint une activité économique majeure. La présence des trois îlets au large servait de point de repère pour les navigateurs et de protection naturelle pour le port.

L'histoire des Trois-Îlets est également marquée par le métissage culturel et les échanges entre les différentes communautés qui ont habité la région. Les premiers habitants furent les Amérindiens, dont les traces sont encore visibles dans certains noms de lieux et dans l'artisanat local. Avec l'arrivée des colons français, la région vit l'introduction de l'esclavage pour travailler dans les plantations de canne à sucre, une période sombre, mais cruciale pour comprendre, sans excuser évidemment, l'histoire des Trois-Îlets et de la Martinique.

Tout cela me conduit tranquillement vers le restaurant choisi pour le déjeuner à Fort-de-France avant mon rendez-vous médical. Cet établissement s'avère être l'endroit où j'aurais mangé le mieux depuis mon arrivée sur cet île (voir les Coins du Babaz). Il s'agit du Galanga fish bar. Une explosion de saveurs tropicales en bouche, tout en étant délicieusement raffiné et en cours de mise en place.  

Mon otite est guérie, et j'ai bien, comme je le dis depuis le début, un bouchon dans l'oreille! Et ce n'est pas celui d'une bouteille de rhum. J'accélère le retour à Sainte-Anne avec l'idée de retourner à mon spot favori pour la fin d'après-midi. La plage des Salines m'offre un début de coucher de soleil. 

Coucher de soleil sur l'Anse des Salines

Mercredi 4 décembre, aujourd'hui, pas de voiture. En tout cas, pas avec la mienne. En effet, je pars à 8:00, à pied, vers mon spot habituel sur la plage des Salines par le chemin de randonnée de la trace des caps. Je devrais arriver à mon transat deux heures plus tard. 

En voici le tracé : 


Ainsi que son profil altimétrique : 


En partant de Sainte-Anne, le sentier s'étire à travers des paysages diversifiés, oscillant entre plages de sable fin, mangroves mystérieuses et falaises abruptes. Dès les premiers pas, je suis enveloppé par la douceur des alizés et le parfum salin de la mer. La lumière du soleil, filtrée par les feuillages, dessine des ombres dansantes sur le sol, créant une atmosphère presque féerique et, en tout cas, qui me permet de marcher à l'abri du soleil direct.

La Trace des Caps dévoile rapidement ses trésors cachés. Des plages, encore préservées, s'étendent comme des rubans de nacre bordés par les eaux turquoise de l'Atlantique. En m'aventurant vers l'Anse Caritan, je découvre une crique préservée, où le murmure des vagues et le bruissement des feuilles de palmiers créent une mélodie apaisante. Le sentier continue à travers les savanes côtières, où la végétation basse laisse place à des panoramas dégagés sur l'océan. Ici, le regard se perd à l'infini, capturant l'essence même de la liberté et de la sérénité. Les oiseaux marins survolent les falaises, ajoutant une touche de vie à ce paysage presque irréel. Et puis, il y a aussi d'autres randonneurs sur le chemin. Bien plus petit que moi, avec une démarche laissant penser que le rhum a été abusé. D'autant plus qu'ils sont tout rouges et, un brin menaçant, avec leurs petits bras tendus vers le ciel. 


Cette fois, je ne me fais plus avoir. Lorsque je ne peux plus passer, à cause de la présence de l'eau, je me déchausse et marche dans l'océan. Comme prévu, 1:45 plus tard, j'arrive au début de la grande Anse des Salines. Elle se découvre avec un soleil encore timide. Ce sera bien différent dans quelques heures. Il me faut bien 15 minutes pour parcourir la plage et rejoindre le transat qui m'attend. 

Ainsi, je passe le reste de la journée là. Je fais connaissance avec la vendeuse de bijoux (Nadège), les deux vendeuses de maillots de bain (Mathilde et la vendeuse de la marque Soraya dont je ne me souviens plus du prénom), le masseur (Bruno) et la loueuse de transat (Séverine), qui officient tous les jours ici. Je déjeune dans la gargotte d'à côté, le beach bar (voir Les coins du Babaz). J'alterne baignade, lecture, échanges et puis, je ne résiste pas à la jolie dame au sourire éclatant dans son petit camion et ses délicieuses glaces artisanales. 

Anse des Salines 

Vers 17:00, la première personne qui part (C'est Mathilde) me ramène à Sainte-Anne. 

La fin d'après-midi et la soirée sont difficiles en raison d'un rhume qui démarre. Décidément, ce voyage est compliqué sur le plan sanitaire et la chaîne ORL. Dans la nuit, la gêne cesse complètement. Il s'agit donc plutôt d'une allergie à une partie de la végétation rencontrée, ce matin, durant ma randonnée.  

Jeudi 5 décembre, la forme est de retour. Ce matin sera consacré à la randonnée faisant la boucle du petit Vauclin, à quelques kilomètres d'ici. Je me rends à Marin et gare la voiture près de la plantation de bananes au lieu-dit Château-Paille. 

La trace suivie est celle indiquée en bleu ci-dessous. 


Le profil altimétrique est le suivant :

Encore une fois, la boue est omniprésente. C'est glissant et la végétation est assez dense, signe d'une fréquentation assez réduite. Il ne faut pas se fier à la représentation cartographique fournie par l'IGN. En regardant la carte, l'impression est que cette marche se fera forcément sous un soleil de plomb sans aucune ombre. C'est faux. La végétation est bien présente et offre une ombre tout à fait salvatrice à ma petite personne. Les paysages sont un peu les mêmes que précédemment. Je commence à avoir une bonne vision de l'île sur ce plan, maintenant. 

Un élément change toutefois. C'est une des premières fois où je vois une série de villas que je qualifie aisément de luxueuses, pour ma part, en bordure de l'océan. 

Vue sur l'anse Marquet à Vauclin

Les jours qui suivent me font finir d'approfondir la douceur en bouche du blanc-manger coco, le fabuleux goût des lambis grillés, la délicieuse manière de préparer le chatrou (le nom donné au poulpe ici) sans oublier une salade de poulet boucané ou un colombo. Et si je prends les légumes pays découverts, je dois parler aussi de la mousseline d'igname, du gratin de bananes plantains ou de la purée de christophine. 

Comme on peut s'y attendre, à présent que décembre a commencé, l'île fait ses préparatifs de Noël. Je dois dire que j'ai du mal à penser que dans quelques jours les festivités de fin d'année vont commencer. C'est ma première fois sous les tropiques, en cette période, et je suis, sans cesse, ébahi de voir les décos de sapins et autres figurines de Noël partout. 

C'est mon dernier jour, vendredi 6 décembre. Je termine par une randonnée allant du cap Chevalier à la baie des Anglais. 

En voici le tracé : 


Et son profil altimétrique : 


Pour rejoindre le point de départ, le GPS me fait passer au plus court. Presque arrivé, je tombe sur un chemin très caillouteux et totalement défoncé. Je m'arrête juste après quelques mètres parcourus. Les soubresauts de la voiture, même à très faible allure, sont un signal d'alerte. Un tracteur arrive. Je dis bonjour au chauffeur et lui fais signe de s'arrêter. Je m'entretiens avec lui. Il confirme mes craintes. Pour lui, si je continue, je vais casser la voiture. 

Bref, demi-tour et j'arrive au point souhaité, après un léger détour. Cette randonnée s'avère moins boueuse qu'à l'accoutumée. C'est aussi une des plus belles que j'ai faites. 

Cap chevalier et baie des anglais

Vendredi soir est jour de fête à la Dunette. DJ et buffet pour le dîner. Rien que cette soirée mériterait un article de blog, mais bon ! Je vais m’abstenir et limiter les signes, déjà bien trop nombreux pour ce seul billet. 

Nous sommes Samedi, jour de mon retour en métropole. J’aurai parcouru 1 500 km dont 500 pour le boulot. Je pense avoir une bonne vision de l’île. Aux dires de mes rencontres, ce n’est pas courant d’avoir parcouru le nord de la Martinique. Cela a été très apprécié par mes interlocuteurs locaux. C'est aussi la première fois, durant un de mes voyages, que je reste plus de quatre jours au même endroit. Je dois bien écrire que cela permet de créer des liens plus forts qu'à l'accoutumée avec les personnes rencontrées. Alors merci à Lucas, le serveur des âmes, à la charmante Zabou (je suis son doudou, son chouchou, etc… sans trop savoir ce que cela implique… rien de compromettant à ce jour) et à Johanel, l'excellent cuisinier de la Dunette. Merci aussi à la discrète Mina planquée derrière son bar, qui parle peu et qui observe tout. Merci à celles et ceux dont je n'ai pas le prénom.

En conclusion, ce voyage est une belle découverte, entrecoupée d'étonnements législatifs, saupoudrée de problèmes de santé un peu pénibles, pimentée de jolies rencontres ainsi que d'une explosion de saveurs nouvelles en bouche sur le plan culinaire. L'endroit me laisse aussi une impression d'avoir retrouvé une France de la simplicité, de la douceur de vivre. Celle que j'ai connue dans les années soixante-dix avec un réseau de stations-services et le gars qui te sert et discute avec toi. La présence omniprésente et essentielle des petits commerces de la débrouille. J'ai la nette impression que les sbires et autres parangons de la qualité ISO 9000 et de la politique de la ville française, n'ont pas réussi à atterir ici... Et cela fait un bien fou! Mais c'est une île, ce qui me donne un sentiment d'enfermement qui ne m'a pas quitté durant tout mon séjour et il y fait trop chaud et trop humide pour moi. Le température n’a jamais été inférieure à 26 degrés Celsius et en général c’était entre 4 et 5:00 du matin. 

Sources et crédits de cet article :

La distillerie de Rhum JM - La visite. 

Les randonnées autour de Sainte-Anne par les résidences Belsoleil

48 randonnées à faire en Maertinique par Martinique Tour.

Les sites qui donnent les fichiers GPX des randonnées préparées et éventuellement adaptées sont Visorando et Wikiloc

Et puis la plupart des adresses de restaurants viennent de ma collègue Véro et de ses frères qu'elle avait mandaté. J'ai presque testé toute ta liste Véro. Aucune déception. Merci à toi et à tes frères.

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